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Myrtille m–Objects

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«Toute activité de symbolisation trouve son origine dans le deuil impossible du premier objet d’amour,
la mère.» Serge Tisseron — Le mystère de la chambre claire —
Flammarion, 1996

Le travail photographique de myrtille m. porte sur la recherche identitaire et la reconstitution de la mémoire.
Dans la série Objet(s), myrtille m. effectue un inventaire sensible des objets de sa mère, disparue brutalement alors qu’elle avait cinq ans. Sans souvenir, elle cherche à reconstituer l’identité de sa mère, et par là même, sa propre identité.
Mais les choses ne sont pas si simples. Ses recherches commencent tout d’abord sur l’adoption de sa mère (changement de nom mais aussi de prénom, déménagements multiples, scolarité morcelée). Sa mère n’a, semble-t-il, jamais voulu connaître ses origines. myrtille m. s’engage alors sur un chemin vierge de toute investigation. Quatre ans de demandes administratives, de recherches sur internet (réseaux sociaux, sites spécialisés en généalogie, …), de rencontres, de récoltes d’informations. Un plongeon dans une histoire familiale trouble avec ses secrets, ses non-dits, ses légendes.
Au début de sa quête, myrtille m. retrouve des objets de sa mère, qu’elle gardait depuis des années dans des tiroirs, des placards, des boîtes. Elle décide alors d’en faire un inventaire.
Il en résulte une série de quinze images, parfois commentées, parfois seulement titrées. Des images qui parlent du lien qu’entretient myrtille m. avec cette mère si peu connue. Des images qui tentent de redonner une place à chacune.
«J’ai commencé à m’intéresser à la photographie à l’âge de quinze ans. Je me souviens de mon premier tirage noir et blanc : une photo de ma mère enfant, faisant de la gymnastique sur la plage. J’ai dû développer ce négatif des dizaines de fois, me persuadant à l’époque que c’était une façon de perfectionner ma technique.
À ce moment–là, je n’étais pas prête à me confronter à la réalité. Mais la « boîte noire »* avait déjà commencé son travail. Il fallait que je garde un lien, que j’accepte son geste, que je comble son absence. Comme si, à force de développer encore et encore cette image, un détail me sauterait aux yeux et je comprendrais tout !
Quels sont mes souvenirs d’elle ? Qui était-elle ? Quelle enfant, quelle femme, quelle mère ?
J’ai délaissé la pratique « artistique » de la photographie pendant presque vingt ans. Puis, il y a un an, quelques mois avant mon trente-cinquième anniversaire, je me suis rendu compte que j’allais atteindre l’âge de ma mère lorsqu’elle mis fin à ses jours, cette nuit du 13 au 14 juin 1982. La date du 14 juin 2012 me terrifiait. Et si je ne survivais pas à cette nuit–là ?
Le moment était venu de m’approprier cette histoire, de lui donner du sens et de construire enfin ma propre vie.»

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