Our day will come. Ce slogan populaire des républicains d’Irlande du Nord évoque à la fois l’espoir de liberté et l’envie de vaincre la communauté adverse.
Mais ces mots ne peuvent se lire sans penser au jour de notre mort.
Stephen Dock s’est formé très tôt au photojournalisme. En 2008, âgé d’à peine vingt ans, il veut saisir l’événement. Pour informer, il colle à l’actualité au plus près du danger.
Syrie, Palestine, Mali, Irak…
Son terrain de prédilection est la zone de guerre ; le conflit, son quotidien. Mais très vite, face à sa position de témoin impuissant et aux limites de la photographie,
Stephen Dock remet en question sa pratique : son attrait pour les champs de bataille traduit au fond une souffrance intime, un conflit intérieur. À travers ses reportages sourd une réflexion sur sa propre condition : une incapacité du photographe à vivre en paix. Il emprunte une nouvelle voie. Dans ses séries, désormais, le noir et blanc et la couleur coexistent, les détails sont agrandis, le recadrage est possible.
L’écriture est plus poétique, l’approche plus personnelle. Avec la photographie on peut parler du monde et parler de soi.
Le dehors et le dedans ne sont jamais détachés. Les mots de Gilles Peress à son égard « Toujours photographier de l’intérieur vers l’extérieur et non l’inverse » viennent affranchir son pas de côté.
2012, la Nouvelle IRA se forme en Irlande du Nord. Stephen Dock décide de se rendre à Belfast à l’occasion du centenaire du pacte d’Ulster célébré par les unionistes.
La tension est palpable, cependant il ne se passe rien. L’heure des combats armés est révolue.
Les accords de paix du Vendredi Saint mettant fin à trente ans de guerre civile ont été signés en 1998. Mais les âmes ne sont pas apaisées et les anciens belligérants cohabitent dans une paix fragile.
Dans un camp comme dans l’autre la violence, culturelle, sociale et politique, habite et hante les individus. Elle marque les visages des rescapés et des nouvelles générations.
D’une emprise plus forte encore que la violence physique, elle modèle les comportements, s’inscrit comme un invariant se transmettant de génération en génération. Si la haine entre les communautés a façonné l’identité nord-irlandaise elle a aussi durablement marqué le territoire.
La vie s’est créée autour des « peace lines », les « murs de la paix », apparus après août 1969. Présents dans les villes, ils séparent les habitants d’un même quartier, parfois d’une même rue.
Les stigmates de la guerre sont partout. De larges fresques murals rendent hommages aux « héros », les messages peints avertissent le visiteur qu’il pénètre dans le fief des républicains ou des unionistes.
Les murs parlent. Les tags marquent l’appartenance à des groups dissidents, témoignent des soutiens aux emprisonnés, ou dénoncent le sentiment de colonization ressenti : “Brits out! ” « Les britanniques dehors ! ».
Stephen Dock : Our day will come
2 février – 22 mai 2022
Inauguration vendredi 11 février 19h
Musée Nicéphore Niépce
28 quai des messageries
71100 Chalon-sur-Saône
www.museeniepce.com
www.open-museeniepce.com
www.archivesniepce.com