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Musée de la Résistance nationale : Robert Doisneau, l’esprit de Résistance

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L’exposition temporaire du Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne, Robert Doisneau, l’esprit de Résistance retrace les liens du photographe avec la Résistance, à travers une centaine de photographies et d’objets personnels de l’artiste.

Si Robert Doisneau est  célébré en tant que photographe de talent, son activité de faussaire reste méconnue. Ce dernier a pourtant réalisé des faux papiers pour la Résistance. Mettant à profit ses compétences de photographe et de graveur, il a contribué à protéger de nombreuses personnes persécutées par le régime de Vichy et par l’occupant allemand, en réalisant toutes sortes de contrefaçons : cartes d’identité, permissions pour les travailleurs forcés, ausweis, etc. Pendant toute la guerre, il a œuvré dans l’ombre, de façon isolée. Ce n’est qu’au soir de la Libération qu’il a rencontré les travailleurs anonymes de la Résistance et qu’il a découvert par là même qu’il avait œuvré pour le réseau Comète puis pour les Mouvements unis de la Résistance et le Mouvement de Libération nationale auxquels appartenait Enrico Pontremoli. À travers des témoignages écrits et audio de Robert Doisneau et par la présentation inédite de négatifs de faux papiers prêtés par l’Atelier Robert Doisneau, le visiteur est invité à suivre les traces de l’activité clandestine du photographe.

Avec son appareil photo Rolleiflex, Robert Doisneau s’est aussi fait le témoin de la vie quotidienne sous l’Occupation et des journées de la Libération de Paris : soldats allemands, tickets de rationnement, magasins vides et barricades défilent sous le regard des visiteurs. Alors que la pratique de la photographie est particulièrement encadrée et qu’il est interdit de photographier en extérieur à moins d’être affilié à la Propaganda Staffel, Robert Doisneau échappe à cette règlementation, mettant un point d’honneur à témoigner des conditions de vie difficiles pendant cette période. En 1985, à l’occasion de l’inauguration du premier musée à Champigny-sur-Marne, le photographe fait spontanément don de 21 tirages de ces clichés, contribuant ainsi à former les images de la Résistance dans notre imaginaire collectif.

Son engagement se poursuit après l’Occupation. Une semaine seulement après la Libération de Paris, Robert Doisneau répond à une commande de la revue artistique et littéraire Le Point visant à rendre hommage aux imprimeurs clandestins qui, pendant la guerre, ont œuvré secrètement à la diffusion des idées de la Résistance afin de réveiller l’opinion publique, et dont nombre ont été déportés ou fusillés. Mettant à profit son expérience de photographe industriel pour les usines Renault, Robert Doisneau réalise des portraits intimistes de ces « petites mains » trop souvent oubliées, les imprimeurs, auxquels il rend leurs lettres de noblesse en faisant reconnaître leur travail et leur engagement. C’est donc l’occasion pour le visiteur de découvrir ou de redécouvrir sous un nouveau jour ces portraits d’imprimeurs, déjà exposés à Champigny en 2005 dans le cadre de l’exposition Imprimeries clandestines. Photographies de Robert Doisneau.

Dans la suite de sa carrière, Robert Doisneau participe à l’organisation et à la reconnaissance du métier de photographe via son adhésion à l’Association nationale des journalistes reporters photographes dont il est nommé président en 1968. Cette association cherche notamment à défendre le droit des photographes à la signature des clichés et à des rémunérations décentes. En somme, il s’agit d’une lutte pour que le photographe puisse être reconnu comme auteur, un combat dont l’esprit de résistance s’inscrit dans la continuité des précédents.

C’est cet engagement que l’exposition révèle au public, tout en respectant l’état d’esprit de Robert Doisneau. Ce dernier détestait en effet que lui soit attribué le qualificatif de « résistant » : par respect pour ceux qu’il considérerait comme les plus héroïques des Français, il se défendait d’avoir fait de la Résistance et parlait plutôt d’actes de solidarité. Cet esprit humaniste qui jalonne son œuvre et son parcours se perpétue aujourd’hui à travers ses filles, Annette Doisneau et Francine Deroudille, qui animent l’Atelier Robert Doisneau. Partenaires de l’exposition, elles ont tissé des liens forts avec le musée, une relation privilégiée révélée au public grâce à une série d’interviews inédites.

 

Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne
www.musee-resistance.com

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