Munch, comme Bonnard, Vuillard, ou Mucha, fait partie de cette génération de peintres qui, au tournant du siècle, se sont emparés de la photographie, en amateurs. C’est à Berlin en 1902 que le peintre norvégien fait l’acquisition d’un petit appareil Kodak et commence à photographier.
En dehors de quelques images représentant ses tableaux ou certains lieux liés à ses souvenirs, Munch réalise principalement des autoportraits. Bien davantage qu’avec les peintres de sa génération, c’est en fait avec les écrivains-photographes de cette époque qu’il serait plus judicieux de le comparer.
Il y a dans sa pratique photographique, comme dans celle de Strindberg, Loti, ou Zola, une même obsession pour l’autoportrait, une semblable volonté de retracer sa vie en images. Dans une interview de 1930, Munch déclarait d’ailleurs : « Un jour lorsque je serai vieux, et n’aurai rien d’autre de mieux à faire que d’écrire mon autobiographie, alors tous mes autoportraits ressortiront au grand jour. »
À la fin des années 1920, après une très longue interruption, Munch recommence à photographier. Une première série d’autoportraits est réalisée dans l’atelier. Jouant des effets de transparence de la pose
longue, selon un principe qu’il avait déjà exploré au début du siècle, le peintre semble vouloir faire corps avec sa peinture. Une autre série d’autoportraits est prise à l’extérieur. Dans un geste devenu aujourd’hui courant, le peintre tient son appareil à bout de bras et le retourne vers son visage, comme un miroir.
Edvard Munch, l’œil moderne
Jusqu’au 9 janvier 2012
Centre Pompidou
75004 Paris
Tous les jours de 11h à 21h sauf le mardi