« Le mot panorama naît une première fois en Angleterre en 1787. Il désigne alors une construction circulaire au centre de laquelle le spectateur se place pour découvrir un paysage ou une scène historique, reproduits de façon illusionniste et qui se déploient autour de lui, à 360° ».
C’est un quiproquo entre les deux commissaires d’exposition Laurence Madeline et Jean-Roch Bouiller qui est à l’origine de cette exposition. L’histoire d’un sms « j’aime les panoramas » (phrase de Jean Dujardin dans OSS 117) arrive dans l’un des deux téléphones comme une fulgurance. Fulgurance que connaissent bien les artistes, c’est le détail, l’épiphanie qui fait naître l’oeuvre : ici l’exposition.
La collaboration entre les Musées d’Art et d’histoire de Genève et le MuCEM de Marseille nous présente le panorama sous un éventail chronologique large. Elle permet d’incorporer cette notion dans tout ce qu’elle a d’historique, scientifique, économique, militaire et influences artistiques dans une dimension plus analytique, dans laquelle notre rapport au monde contemplatif et/ou introspectif en serait modifié.
L’analyse de ce système de représentation nous fait entrer dans l’exposition « j’aime les panoramas » comme un enfant dans un conte.
Du brevet d’invention en 1791 (importation et perfectionnement pour un tableau circulaire, nommé panorama), on comprend assez vite que la notion de panorama, considérée comme le « pré-cinema » devient une volonté pour l’Homme de représenter la réalité dans son ensemble, à des fins bien différentes, et interrogée ici par des artistes contemporains comme Jeff Wall, David Hochney, Olafur Eliasson. Cette volonté sert de fil rouge tout au long des six grandes parties de l’exposition. On trouvera même en fin de parcours le contre-pied d’ irreprésentabilité du panorama, « sentiment océanique » freudien illustré par des œuvres comme « La ligne N°2 » de François Morellet ou « L’homme face au grand paysage » d’Elina Brotherus.
La scénographie débute par une salle extérieure brute qui nous laisse pénétrer au cœur d’une pièce très raffinée, la patte du designer se révèle. Même si la scénographie est parfois compliquée, on remarquera une bonne maîtrise de l’éclairage, un « frisson » lorsque l’on entend au loin les musiques des films « Le Mépris », « Il était une fois dans l’ouest » et surtout ce grand couloir bleu en dégradé où les œuvres s’accrochent parfaitement.
« J’aime les panoramas », c’est le partage entre les deux commissaires d’exposition Laurence Madeline et Jean-Roch Bouiller. Ils présentent et interrogent la notion de panorama, retranscrivent avec simplicité et spiritualité la volonté, l’idée folle des Hommes de rentrer un événement dans une image. Le panorama, c’est un peu comme cette phrase de Neal Cassidy « un truc très beau qui contient tout ».
EXPOSITION
J’aime les Panoramas
Du 4 novembre 2015 au 29 février 2016
MuCEM Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée
7 Prom. Robert Laffont
13002 Marseille
France
+33 (0) 4 84 35 13 13
http://www.mucem.org