Je n’utilise pas dans mon travail de manipulations numériques, je ne crée pas les objets qu’on voit sur mes photos. Pour mes paysages, je me base sur ce qu’il y a déjà dans le milieu urbain ; je travaille avec le chaos et l’amoncellement des taches, lignes et objets géométriques présents autour de nous dans la vie de tous les jours.
Dans mes œuvres, j’impose de nouveaux types de relations entre les choses ordinaires et je crée une nouvelle réalité — la réalité photographique. Ce qui me sert de « simulateurs », c’est ma sortie dans l’espace « virtuel » de l’auteur, un espace né au sein de la photographie. Poésie virtuelle. Cet univers est fondé sur la propriété de notre perception de voir dans l’espace environnant toutes sortes de projections de notre monde intérieur qui est une part de l’inconscient collectif. Des images psychédéliques qui apparaissent dans le flux incessant de la vie.
Pour moi, la photographie est un mode de vie. La composition d’une série est un processus aussi créatif que la prise de vue elle-même. Je passe beaucoup de temps à choisir scrupuleusement les épreuves pour qu’elles se renforcent l’une l’autre et créent de puissants liens visuels et sémantiques. Chacune de ces séries constitue une œuvre entière. Une sorte de « yin et yang » photographique. Réunir deux photos ensemble ou les insérer dans un bloc plus important, c’est le moyen de développer l’idée des « Simulateurs ». On assortit à chaque photo une deuxième qui lui corresponde soit visuellement soit sémantiquement et cela donne de nouvelles possibilités pour un jeu plastique ou sémantique. C’est comme une anagramme construite par réarrangement des lettres ou des sons d’un mot donné (ou de plusieurs mots), ce qui donne un nouveau mot avec une signification différente.
Andrey Abramov