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Moscou: Ivan Mikhailov –Playground

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La galerie Glaz (qui signifie « œil », en français) nous révèle un jeune photographe de 31 ans, Ivan Mikhailov, dont l’œuvre est presque entièrement tournée vers la jeunesse. « Je n’en suis pas encore complètement sorti », plaisante ce grand garçon joufflu en désignant du doigt sa série de photographie consacrée aux terrains de jeux pour enfants.

Glaz a rassemblée tous les clichés de ce travail de plus d’un an consacré à l’enfance et au cosmos. Ivan Mikhailov est retourné visiter les terrains de jeux de la ville de Tcheboksary, une grosse ville industrielle à 700km à l’Est de Moscou, non loin du village où il est né. Il a photographié les vestiges de son enfance, c’est-à-dire les constructions rudimentaires de métal et de bois représentant l’espace. Fusées, roquettes, satellites, symbolisant la conquête spatiale, domaine d’excellence soviétique. « Tous les gamins soviétiques rêvaient d’être cosmonautes », glisse, avec une pointe de nostalgie, le photographe. Les photos sont presque toutes prises de nuit, « avec des poses parfois très longues, allant jusqu’à une demi heure », précise-t-il. « Par conséquent, les enfants qui pouvaient s’y trouver, ont disparu ». Pas une présence humaine sur les clichés. Mikhailov admet voir dans ces vestiges de la conquête spatiale, dont il rêvait lui-même jadis, plutôt une menace qu’autre chose. « Ce sont des constructions vétustes, dangereuses pour les enfants ». Et le danger ne vient pas que des fusées. « J’ai parfois eu peur au cours de mon travail. Les aires de jeux deviennent la nuit le lieu de rencontre de marginaux, d’alcooliques et de toxicomanes », souligne-t-il. « J’ai même eu affaire à la police ». A regarder les images, on sent bien une atmosphère mélancolique, à travers la lumière crépusculaire. Les couleurs vives tranchent avec l’ambiance nocturne, donnant à l’ensemble de la série un caractère mystérieux et irréel. Contrastent aussi les fusées de bois avec les hautes murailles grisâtres des cités dortoirs. Tcheboksary n’offre guère de bâtiments agréables à l’œil. On comprend le désir des jeunes et moins jeunes de s’enfuir de cet environnement inhospitalier, fusse à l’aide d’une fusée en tôle rouillée, ou – virtuellement – grâce à des substances psychotropes. Mikhailov ne cherche pas à accentuer l’aspect mortifère du béton, il se concentre avant tout par son travail sur la lumière à signifier à quel point cette enfance rêveuse lui paraît aujourd’hui avoir cédé à « l’inquiétante étrangeté ».

Son inspiration, explique Mikhailov, se trouve davantage dans la grande peinture que parmi ses pairs photographes. A ce titre, il rappelle qu’il n’a aucun lien de parenté avec le célèbre Boris Mikhailov, dont il a suivi des master classes. « Je suis avant tout intéressé par des peintres comme Modigliani, Picasso ou Leonardo da Vinci », assure-t-il. Pour le futur, Mikhailov poursuit dans cette même veine créatrice. « Je prépare ma prochaine exposition également sur un thème proche de celui-ci. J’ai photographié les jeux de ma propre petite fille, dans le cadre du petit village où je suis né. »

Emmanuel G

Ivan Mikhailov, Playground
Jusqu’au 12 mars 2012

Glaz Gallery
Malaya Ordinka, 23
Moscou
(459) 978 8840

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