Installées dans la galerie en plein air du Parque Rodó de Montevideo (Uruguay), les images de la photographe Susette Kok abordent le thème douloureux de la sexualité infantile. Le Centre de photographie de Montevideo y présente jusqu’au 22 octobre l’exposition 17.815 : Cuidame que yo te cuidaré (Prends soin de moi et je prendrai soin de toi)…
« 17.815 est la loi en Uruguay qui punit le fait d’avoir un rapport sexuel payant, ou en échange de quelque chose, avec un mineur, explique la photographe hollandaise basée en Uruguay depuis un douzaine d’années. L’autre partie du titre se réfère à une image vue sur le mur de la chambre d’une travailleuse du sexe, dans le centre de l’Uruguay. Ça a été très symbolique pour moi : Prends soin de moi et je prendrai soin de toi… Nous, en tant que société, prenons soin des enfants et des adolescents, et eux ensuite, prendront soin de la société. Comme la loi veille sur les enfants, pour que plus tard, ils veillent sur la loi. »
Susette Kok a commencé ce travail en mars 2013, guidée par Karina Nuñez, ancienne travailleuse du sexe et militante contre l’exploitation sexuelle infantile et adolescente. Après s’être rendues ensemble dans différents endroits du pays, le constat a été clair : « La sexualité infantile est incrustée au plus profond de la société, des plus petits villages aux grandes villes du pays ». La photographe a ainsi parcouru l’Uruguay, photographiant à la fois les lieux des crimes sexuels (un banc dans un parc, un conteneur maritime, un immeuble en ruine), et l’intimité des victimes aujourd’hui adultes. « Je n’ai pas voulu interviewer ou montrer des petites filles, des petits garçons ou des adolescents, parce que ce serait provoquer encore plus de dommages, raconte Susette Kok. J’ai donc choisi de photographier des hommes et des femmes adultes qui ont été sexuellement exploités dans leur enfance, et qui mesurent aujourd’hui comment la violence a affecté leur vie. » La reporter a écouté l’histoire et photographié plus de 25 victimes. « J’ai cherché à mettre en lumière et à capter le sens de tant de souffrance et de négligence, écrit-elle. Ces histoires affirment que la prostitution est vue comme une réponse acceptable à la pauvreté, et comme un moyen de survie. »
Susette Kok
Née à Hilversum en Holande en 1967, Susette Kok est issue d’une famille de photographes. Elle s’initie jeune à la photographie et travaille en collaboration avec des agences de publicité en Hollande, à Singapour, en Russie et aux Etats-Unis. Elle s’installe en Uruguay en 2002 et décide de se consacrer intégralement à la photographie. Elle crée la Visionai deux ans plus tard, fondation qui s’appuie sur le pouvoir de l’art pour influencer de manière profonde et durable le changement social.
EXPOSITION
17.815: Cuidame que yo te cuidaré
Jusqu’au 22 octobre
Photo galerie du Parque Rodó
Montevideo, Uruguay
Centro de fotografia de Montevideo :
http://cdf.montevideo.gub.uy/
Visionair :
http://fundacionvisionair.org