Michael Kenna a fait donation cette année de 42 de ses photographies parisiennes au musée Carnavalet. Elles ont rejoint les 17 déjà présentes dans la collection. C’est l’occasion, pour cette institution très parisienne — le musée est consacré à l’histoire de la capitale — de montrer une belle sélection d’une cinquantaine d’entre elles.
On y retrouve l’esthétique du photographe, né en 1953 à Widnes en Angleterre (il vit à Seattle aux États-Unis), connu pour ses somptueux paysages au noir et blanc très contrasté et ses temps de pose très longs. Et un Paris majestueux et féérique, sublimé par le regard du photographe. Michael Kenna a promené ses appareils le long des quais de la Seine de jour comme de nuit. À sa suite on redécouvre un Paris éternel et figé dans le temps : les boîtes des bouquinistes sous les frondaisons, la colonne de la place Vendôme, la tour Eiffel dans tous ses états, Notre-Dame, le Palais Royal, le métro aérien, la place de la Concorde ou les Tuileries, auxquels les arbres dépouillés par l’hiver donnent une allure dramatique et graphique. Et une ode aux ponts : pont Neuf, pont Notre-Dame, pont de la Tournelle avec la silhouette dressée de la statue de sainte Geneviève, pont Royal, pont des Arts… Un Paris fantomatique, déserté d’une présence humaine qui a été effacée par le temps de pose. Seuls quelques oiseaux planent parfois dans le ciel. On pense évidemment à Eugène Atget. Le photographe lui-même fait des références explicites à deux autres grands amoureux de Paris, dans les titres de deux de ses images : Île de la Cité (Merci HCB), 1992 et Pont-Neuf (Merci Brassaï), 1992.
À Carnavalet, la sobriété et la rigueur des compositions de Michael Kenna ressortent sur le fond rouge sombre du mur, et tranchent avec les peintures 1900, des scènes de la vie parisienne, accrochées en face. Un panneau très didactique explique en détail la technique photographique et les tirages de Michael Kenna, qui utilise en général un Hasselblad ou un Holga. Les petits formats, 19 x 19 cm pour les carrées et 23 x 15 cm pour les rectangulaires, font de ses images des petits bijoux denses et raffinés.
EXPOSITION
Dans le cadre du Mois de la Photo 2014
Michael Kenna
Paris
Jusqu’au 1er février 2015
Musée Carnavalet
16, rue des Franc-Bourgeois
75003 Paris
France