Dans sa nouvelle série intitulée Souvenirs, le jeune photographe malien Mohamed Camara a fait des portraits de quelques-uns de ses amis posant avec une photographie ancienne d’eux-mêmes flottant dans un sac de plastique transparent rempli d’eau. Pour lui, ce voisinage matérialise le rapport que l’on peut avoir avec son passé, plus ou moins lointain : souvenirs de la jeunesse, de la famille ou du pays ; souvenirs de moments qu’il a fallu laisser derrière soi. Présence flottante, fragile, mais persistante – toujours là, même quand nous n’y pensons pas, même si nous refusons de prendre pleinement conscience de cette nostalgie et préférons au contraire la tenir en lisière. Avec ce travail, Camara poursuit son exploration poétique de la vie quotidienne, notamment des sentiments les plus intimes, débutée avec les Chambres maliennes (2001-2002). La série Souvenirs s’inscrit aussi dans la suite de l’univers, parfois proche du surréalisme, dessiné par les mises en scène imaginatives et précises de la série Certains matins (2005-2006) : dans une image justement intitulée « Certains matins pas comme les autres », Camara s’était représenté découvrant au réveil le sol de sa chambre envahi par des rangées de sacs de plastique remplis d’eau, ces sacs d’eau que l’on peut acheter au bord des routes, au Mali, pour se désaltérer. La Mep prête des œuvres issues de sa collection et choisies en regard de l’exposition.
6 novembre – 4 décembre 2010
Galerie Pierre Brullé
25 rue de Tournon, 75006 Paris