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Moby : le musicien parle de son amour de la photographie

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En plus d’être un musicien à la longue et brillante carrière, Moby est également un photographe enthousiaste. Sa maison est remplie d’appareils et on y trouve des livres photo partout. Actuellement, une exposition de son projet photographique Innocents est présentée à la galerie Project à Hollywood. Il a discuté récemment avec Andy Romanoff à propos de son amour pour ce médium.


Andy Romanoff : Commençons avec ce Nikon qui est si spécial pour vous. Depuis combien de temps possédez-vous cet appareil ?


Moby : À peu près 38 ans. Mon oncle, Joseph Kugielsky, avait été photographe pour le New York Times. Quand j’avais dix ou onze ans, pour Noël, il m’a donné cet appareil, l’un de ceux qu’il avait utilisés pour son travail mais dont il ne se servait plus. Je pense qu’il se disait que plutôt que d’avoir ce Nikon F en train de ramasser la poussière sur son étagère, il pouvait m’en faire cadeau. Cet appareil était à tous points de vue beaucoup trop sophistiqué pour un garçon de mon âge, mais ça m’a en quelque sorte mis au défi et m’a forcé à apprendre comment l’utiliser et comment utiliser un luxmètre. Ensuite j’ai appris comment développer mes propres pellicules et faire mes tirages à un âge très précoce.

A. R. : Donc vous avez pris des photos régulièrement depuis cette époque.


M. : Oui, pendant 38 ans.



A. R. : Mais vous vous êtes un peu aventuré sur le terrain musical en cours de route…


M. : J’ai commencé à jouer de la guitare et à prendre des photos à peu près à la même époque. Je me suis plutôt concentré sur la musique, principalement parce que mon oncle était un photographe très talentueux et que je ne pensais pas pouvoir rivaliser avec lui. Donc oui, j’ai mis la photographie de côté. Et puis, ça prend beaucoup plus de temps, en tout cas ça en prenait à l’époque, de devenir un bon photographe que de devenir un musicien correct. Au bout d’un an de guitare, j’étais déjà capable de faire des reprises et je jouais dans un groupe de punk rock. Cela m’a pris des années d’apprendre à photographier, développer et imprimer assez bien pour me sentir à l’aise avec l’idée de montrer ce que je faisais à d’autres personnes. J’ai donc pensé que le temps que je devienne un photographe décent, je serais devenu un musicien plutôt bon. Aujourd’hui, c’est tout le contraire qui se passe. Cela prend plus de temps d’apprendre à jouer de la guitare qu’il n’en faut pour comprendre comment faire de belles photos avec son iPhone.


A. R. : Pourquoi collectionnez-vous les appareils ?

M. : Eh bien je collectionne beaucoup de choses. Je collectionne aussi les vieux synthétiseurs, les vieux amplis de guitare, et les vieilles boîtes à rythme. J’aime la technologie avec laquelle j’ai grandi et qui est maintenant devenue obsolète. Je veux dire, j’aime même regarder de vieux téléphones. Des choses qui ont existé dans le royaume physique sont toutes maintenant passées dans le monde numérique. Je pense que je peux être vraiment nostalgique à propos de ces choses, mais j’apprécie également l’art avec lequel elles ont été fabriquées, je veux dire l’art de créer ; les appareils numériques sont au-delà de mes facultés de compréhension, mais tout ce qui les concerne renvoie aux ordinateurs. Ils sont créés par ordinateurs, gérés par des ordinateurs, utilisés ensuite sur des ordinateurs, et quand des choses existent dans le royaume physique, j’ai l’impression qu’il y a comme un poids en elles que j’aime.
Comme de mettre la pellicule dans l’appareil, de le rembobiner, de sentir les pièces mécaniques jouer entre elles — il y a quelque chose de satisfaisant là-dedans. J’apprécie vraiment le monde numérique mais ces objets me rappelle plus le monde physique que nous continuons toujours d’occuper.



A. R. : Mais vous avez réalisé le projet Innocents en numérique.
M. : Oh, je n’utilise plus de pellicule depuis des années… Cela me manque mais… c’est comme par exemple les gens qui aiment l’idée de mixer avec des vinyles, mais peu d’entre eux ont eu un jour à passer la sécurité d’un aéroport avec leurs sacs de disques. Lorsque vous vous retrouvez à transporter sans arrêt 15 ou 20 kilos de vinyles dans ces conditions, vous ne voulez plus être l’un de ces DJ. C’est la même chose avec les gens à qui la pellicule manque, je me suis rendu compte que beaucoup d’entre eux n’ont jamais travaillé dans une chambre noire, parce que si cela vous est arrivé, c’est dur de se dire que c’est un tel manque. Parce que les produits chimiques impliqués dans le développement du film sont écœurants, et quand j’étais obligé de respirer leurs effluves, j’avais toujours vaguement la nausée. Et quand j’étais jeune, la pellicule était chère, le papier était cher et quand vous fabriquiez vos propres produits de développement, cela finissait par coûter cher aussi, donc la photographie numérique est géniale de ce point de vue. C’est vrai que le grain d’une belle impression 35 mm me manque. Comme me manque le style d’image noir et blanc super-granuleuse d’Andre Kertesz. Quand je vois ce genre de cliché, cela me donne envie d’aller dehors et de noircir de la pellicule, mais je ne le fais pas, parce que les bénéfices du travail en numérique sont tout simplement ahurissants. Le contrôle que vous avez, les choses qui semblaient impossibles auparavant — réalisées en un seul clic. J’imagine qu’on peut reconnaître à la pellicule la chance qu’elle offre de produire d’heureux accidents. Parce que vous ne saviez jamais, même quand vous preniez toutes vos précautions, quel résultat cela allait donner au développement.



Lire l’interview intégrale dans la version anglaise de L’Œil de la Photographie.

Interview et photographies d’Andy Romanoff
Lien
Moby – http://www.moby.com
Project Gallery – http://projectla.net
http://www.andyromanoff.zenfolio.com

Exposition
Innocents, de Moby
Jusqu’au 30 mars 2014
Project LA
1553 N Cahuenga Blvd.
Hollywood, CA 90028
USA

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