Une nuit à Los Angeles, un garçon de 16 ans approcha la photographe Donna De Cesare, et lui dit : « Madame, mettez-moi dans votre livre – vous pouvez prendre ma photo. » De Cesare raconte cette anecdote dans l’avant-propos de Fred Ritchin pour son nouveau livre, Unsettled/Desasosiego (University of Texas Press).
Le garçon n’en démordit pas. De Cesare continue ainsi : « »Est-ce que je serai dans votre livre ? » me demanda-t-il. »Je ne peux pas te promettre ça », lui répondis-je. »Faire un livre demande beaucoup d’images et de temps », lui expliquai-je. Je lui dis que je ne pouvais pas le savoir à coup sûr, mais que je pensais l’avoir fini dans trois ans si tout se passait bien. »Merde ! Je serai mort d’ici là », répondit-il dépité. »
Le garçon lui expliqua que tous ses amis étaient morts avant d’avoir atteint vingt ans. Ils étaient tous membres de gangs. La vie dans les rues était courte, dure, et violente. Le garçon ne pensait pas qu’un sort différent l’attendait. Lui, qui n’est jamais nommé, est semblable à tant d’autres avant lui, les enfants perdus d’une guerre qui n’a pas de début ni de fin parce qu’elle est menée dans l’ombre, à travers tout le continent américain. Voici les victimes de la guerre contre la drogue : les enfants.
Unsettled/Desasosiego dresse le témoignage de la violence qui a dominé les pays d’Amérique centrale et les communautés réfugiées aux États-Unis durant les vingt dernières années. C’est une vérité horrible dont les médias ne veulent pas parler, pour ne pas rendre plus séduisant le trafic de drogue dans l’imaginaire populaire. Les films, la musique, les vidéos – les truands, les gangsters, les hors-la-loi qui refusent d’obéir au système et gagnent gros, jusqu’à être emportés dans une flambée de gloire. Jamais un anti-héros n’a été aussi célébré.
Lire l’intégralité de l’article de Miss Rosen dans la version anglaise du Journal.
