J’ai une théorie : nous vivons au sein d’une société post-littéraire. Avec l’avènement de l’âge d’or du numérique, nous découvrons un nouveau vocabulaire iconographique, photographique, concernant les polices, les livres, les films, les posters et les installations, tous immédiatement disponibles aux quatre coins du monde, transcendant la barrière du langage. Que la photographie puisse en dire autant qu’un millier de mots a moins d’importance que le fait qu’elle parle un langage transcendant toutes les langues, améliorant ainsi considérablement notre capacité à communiquer des idées sans utiliser des mots, rendant par là-même ces derniers obsolètes.
L’histoire commence avec l’écriture mais la période durant laquelle nous avons vécu sans le secours des mots fut bien plus longue encore. Toutes les grandes puissances avaient compris cela dès les premiers temps, utilisant l’image pour convoyer du sens, des émotions et opérer leur propagande. Puis vint l’écriture et nous l’avons considéré comme un vecteur de changement, capable d’amener l’égalité entre les hommes. Et elle y contribua, bien que de manière finalement limitée, avant que les nations d’occident commencent à s’éloigner de la puissance des mots avec le triomphe d’internet. Aujourd’hui nous nous appuyons sur l’image comme jamais auparavant. Personne ne comprend mieux cela que ceux dont c’est le métier de fabriquer le message, d’utiliser l’image pour donner le ton, définir l’ambiance, et exprimer un sentiment collectif qui devient le pourvoyeur de nos peurs, de nos désirs, et de nos rêves.
Akatre a été fondé en 2007 par Valentin Abad, Julien Dhivert, et Sébastien Riveron. Ils travaillent principalement dans les domaines de l’art, de la culture, de la mode et du luxe et s’occupent de projets qui demandent une approche globale du design. Parce que les membres d’Akatre réalisent typographies, dessins, photographies, et vidéos eux-mêmes, leur travail demande une forte implication personnelle et émotionnelle, transformant ainsi chaque projet en une exploration de soi et en une source d’évolution pour le studio.
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dans la version anglaise du Journal.