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Miriam Ruisseau : coup de cœur de Florence Drouhet

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La série Guadalquivir de Miriam Ruisseau a été sélectionnée par Florence Drouhet (Festival la Gacilly) lors des lectures de portfolios organisées dans le cadre de la Parenthèse Freelens les 15 et 16 novembre 2014 à la Gaité Lyrique.

On dit souvent d’un fleuve majeur qu’il est la colonne vertébrale d’un pays car c’est le long␣ de ses berges, au fil des siècles, que se sont rassemblés les hommes pour construire les villes.␣ En Espagne, nous pensons bien sûr à l’Èbre et son delta car dans la mémoire collective il est encore lié à la guerre civile.␣ Une chanson célèbre (El paso del Ebro) a immortalisé à jamais — même si elle a été créée bien avant — la dernière résistance à l’avancée de Franco avant la chute de Barcelone.
␣Mais il est un autre fleuve, mythique également, pour d’autres raisons, disons plus littéraires qui représente davantage une région, l’Andalousie, qu’une nation.␣ C’est le majestueux Guadalquivir. ␣Fascinée par la culture multiséculaire de ce bout d’Europe aride, j’ai voulu remonter à la source de ce Río Grande improbable, qui naît timidement en un filet presque imperceptible dans la Sierra de Cazorla, pour devenir si large et tourmenté, traversant Cordoue et Séville, puis calme à nouveau, en apparence immobile, voire inquiétant, dans d’infinis marais silencieux, et enfin s’épuiser dans l’Atlantique, à Sanlúcar de Barrameda, d’où partirent jadis Christophe Colomb et Magellan…
Mais les ondes de cet ancien Bétis charrient davantage que les souvenirs de ces illustres navigateurs ; elles vibrent à l’unisson des rythmes flamencos et des vestiges arabo-judéo- andalous, mémoire liquide de ces temps bénis de tolérance où l’harmonie était possible, la grandeur partagée, l’art et le savoir célébrés.
Et puis Machado est là, présent en toute pierre, derrière chaque arbre ; un peu plus loin Lorca fait encore tressaillir les cyprès qui l’ont vu mourir, la poésie illumine les pas du promeneur attentif et patient, le ciel est ouvert et les hommes sont des rocs. En même temps ce paysage idyllique mais rude parle bien de la fragilité du monde ; son sol est crevassé, ses veines de plus en plus exsangues, son écosystème menacé. Le désert avance et assèche les plaines, assoiffe les chevaux, alourdit le vent.

http://www.freelens.fr

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