Entre 2010 et 2012, Miguel Henriques, a photographié le quartier où il vécut durant 28 ans : Olivais. C’est une partie des 37 photographies finales de cette série qui sont exposées à la Fabrica Braço de Prata, à Lisbonne, un lieu atypique, sans appellation et dont la programmation artistique se fait un point d’honneur à montrer des travaux variés dans tous les champs des arts visuels et plastiques.
D’abord diplômé en architecture, puis en photographie à l’école Ar.co, Miguel Henriques a mis en place un langage formel à la croisé de ces deux champs. Cette série s’intègre dans une réflexion plus large menée sur la représentation des quartiers peu visibles de la ville de Lisbonne (Encarnaçao, Parques das Naçoes et Palmela). Pour un non-Lisboète, Olivais n’évoque rien pas même un point sur une carte. Pour Miguel Henriques , il était important de rappeler quel processus d’urbanisation a marqué cette zone :
« La construction de l’aéroport de Lisbonne, inauguré en 1942, ouvrit des voies d’accès entre Olivais et la capitale. L’Etat s’est efforcé de créer des structures sociales, suivant le modèle ville-jardin. (…) Le projet établissait 70% de foyers sociaux et 30% de logement à loyer libres, prévoyant déjà des constructions destinées aux actions de relogement. Le tout fut complété par des équipements sportifs, scolaires, commerciaux et de loisir. »
Ayant pour point de départ un projet de fin d’étude, Miguel Henriques a su donner de l’ampleur à son sujet pour le mener sur le plan d’une recherche esthétique profonde. On retrouve dans ces images cette attention pour le poids de l’histoire qui a engendré ces architectures fonctionnelles. L’architecture et la ville sont donc au cœur de ces questionnements.
Après avoir fait un repérage au 35 mm, il choisit d’effectuer ces séries à la chambre dans un souci de « rigueur ». Plutôt qu’un travail d’enquête typologique, ce dont se garde bien le photographe, c’est une quête d’un portrait psychologique du quartier qui se met en place entre les images. Certes, la figure humaine y est pour le moins absente, mais le traitement des lieux ne laisse pas indifférent.
La composition joue sans doute sur cette impression puisque nombre des images présentent un espace qui se ferme lorsque l’on suit les lignes de fuite, obstruant ainsi l’horizon.
Cette focalisation hors d’une lecture commune de ces quartiers dresse une identité technique et visuelle de lieux peu regardés. L’identité du lieu se redécouvre non pas à travers d’une errance quotidienne mais à travers la systématisation de l’image. Apparaît alors le visage d’un quartier en tant que gestion de l’espace. Des liens se tissent avec des travaux célèbres comme ceux des Becher, où l’idée du portrait d’une architecture moderne était prégnante. Malgré le noir et blanc, l’aspect sculptural, est pourtant moins sensible ici. Mais c’est cette même volonté d’archivage qui nous confronte à la mémoire vivante de ces lieux.
Olivais
Miguel Henriques
Jusqu’au 1er mars 2014
Galerie Fabrica Braço de Prata
Rua da Fabrica de Material de Guerra
1950-128 Lisboa
Portugal
[email protected]
tel : 965 518 068
http://miguelhenriquesblogblr.tumblr.com
http://www.bracodeprata.com/index.shtml