Donde las sombras hablan
Je commencerais à décrire mon attitude vis-à-vis de la photographie en répétant les mots de Sonja Bullaty : « Mon expérience semble tourner autour d’un clic important de l’appareil photo ». Une chose à garder à l’esprit, et avec laquelle je suis entièrement d’accord, car, lorsque je regarde à travers l’objectif, consciemment ou même tout à fait inconsciemment, je note avec tout ce que j’ai acquis au fil des ans. Le bagage socio-politico-culturel de « Miguel David ». Famille, école, amis, lectures… où je vis… musique, politique, relations sociales… pourquoi je photographie « ceci » et pas « cela » ? Je n’ai jamais trouvé la réponse. Et malheureusement… je ne trouverai jamais la réponse.
Dans mes approches photographiques, j’ai toujours été une personne beaucoup plus concernée par le concept, l’abstraction et la recherche de formes, que par la prise d’une photo sociale, engagée ou brute. Je me suis parfois interrogé sur la raison de cette prédilection et je n’ai pas trouvé de réponse. Une question de goût, d’éducation ou de façon de comprendre la vie… Je suppose que c’est une question de goût, d’éducation ou de façon de comprendre la vie… J’insiste sur le fait que, dans mes concepts, j’ai toujours emprunté la voie intime, celle de la photo intérieure, subjective et personnelle, fuyant les clichés et les reportages « faciles ».
Le regard que nous portons sur la photo n’est pas un simple exercice visuel, c’est un faisceau relationnel où s’opère un échange d’informations, de réflexions, de sensations et d’émotions entre la personnalité de l’auteur et celle du spectateur. Nous pensons comprendre la photo lorsque l’image représentée coïncide avec les images du monde réel que nous connaissons (un paysage, une nature morte, un nu…) Le problème se pose lorsque dans l’image rep Dans cette perception subjective, je déduis que toute forme méconnaissable qui ne correspond à aucune figure identifiable, fait que le spectateur cherche psychiquement à lui donner une ressemblance avec un moule quelconque « enregistré » dans son cerveau. Ce fait l’oblige à « inventer » des figures et des objets reconnaissables.
Dans cette perception subjective, et étant donné que je ne communique rien… je ne fais qu’exprimer, je déduis que toute forme méconnaissable qui ne correspond à aucune figure identifiable, pousse le spectateur à essayer psychiquement de lui donner une ressemblance avec un moule quelconque « enregistré » dans son cerveau. Ce fait l’oblige à « inventer » des figures et des objets reconnaissables. Selon ma théorie basée sur un essai de Carl Einstein, « … tout acte de visualisation convoque et attire une archive de sensations et d’expériences accumulées qui servent à pallier l’insuffisance de la réalité… ». Il en résulte une dispersion d’énigmes intéressante, divertissante et suggestive, où les processus psychiques sont activés par la perception optique. « Ce dont il s’agit, c’est du fonctionnement des processus inconscients au sein de l’expérience ». Sartre : « L’acte d’imagination est un acte magique ». Rêves. Désirs. Fantasmes
Je considère que je m’harmonise avec Roman de La Calle, ma photo est intime, personnelle, flirtant avec mon autobiographie et mes zigzags, ambiguës et suggestifs pour ne rien dire.
Je travaille encore avec des pellicules, « Kodak T-Max 100 », en noir et blanc, puis je développe les images avec le procédé classique des produits chimiques, papier baryté argentique. Je suis réticent au numérique, parce que je n’aime pas l’ordinateur, je ne le connais pas, et parce que je pense qu’il y a encore un monde « dehors » que je peux capturer, que je ne connais pas, et que je peux lui donner ma vision photographique, encore, avec la simple pellicule noir et blanc. Comme le souligne Rafael Prats, « … il reste fidèle au noir et blanc, à son appareil photo analogique et à l’acte intime du développement dans son laboratoire… ».