Le romancier français Michel Houellebecq est aussi photographe. Après une exposition au Palais de Tokyo l’été dernier à l’invitation de Jean de Loisy, l’écrivain présente French Bashing, sa toute première exposition sur le sol américain. Proposée par la galerie Venus sur Madison Avenue (New York), French Bashing réunit des photographies et photo-montages pris pendant près de dix ans.
L’univers proposé par Michel Houellebecq fait directement écho à son œuvre littéraire. Ses lecteurs ou connaisseurs retrouveront en première partie d’exposition le panorama visuel des zones péri-urbaines présentes dès Extension du domaine de la lutte (1994). Le photographe a méticuleusement photographié immeubles de bureaux, zones de transports, bretelles d’autoroutes, périphériques, voies ferroviaires, espaces où l’humain se transporte, où l’humain s’endort. Tout n’est que transport, passage, évanescence, de ces grands ensembles dépourvus de charme que l’écrivain qualifie de « sans âme » (Le Figaro). La deuxième partie de l’exposition offre un glissement vers le kitsch, sinon le mauvais goût assumé avec, comme sujets principaux, des zones touristiques sur-fréquentées, des magasins discounts meurtrissant un paysage de campagne.
La scénographie soignée du lieu rappelle sa première exposition du Palais de Tokyo. L’écrivain a conçu son exposition comme une longue installation menant le regardeur dans des paysages sonores. L’œil retient les clichés, les bouts de phrases tirés de ses poèmes, des mots lapidaires et comme point final, une impression tenace de vacuité. Du reste, la vision d’ensemble ne détonne pas de l’œuvre. Littérature comme photographie proposent à voir un monde désincarné, des vies pitoyables, une existence cinglante, sauvée, peut-être, par l’ironie de la laideur.
Michel Houellebecq – French Bashing
Galerie Venus
980 Madison Avenue
New York, NY 10075, USA
