En Islande, la force du territoire impose la modestie, le respect, mêlé à ce sentiment étrange que ces paysages sont vivants. Habités. Il est vrai qu’au fil des routes, aux détours des champs de lave et des falaises de basalte s’égrènent des sites aux histoires troublantes, peuplés de trolls, d’elfes et de sorcières… Dans certaines fermes, on relate d’étranges incidents semblant révéler la présence d’êtres cachés, nichés dans les pierres et les ruisseaux. Superstitions rurales ? Rien n’est moins sûr lorsqu’on déambule dans Reykjavik et ses villes-banlieues.
Entre deux immeubles contemporains aux couleurs vives, à quelques mètres d’une villa au revêtement métallique ou encore au centre d’un îlot de résidences, trônent des rochers de lave. La toponymie des rues ou des quartiers confirme la personnification de ces lieux : Álfhóll, la butte de l’Elfe ; Enbui, l’Ermite ; Borgir, la Cité ; la pierre Latur, le Paresseux ; Dvergastein, la pierre à Nain… La liste serait longue de ces collines sans forme, rochers, creusements qui, au sein d’un quartier résidentiel d’une zone commerciale ou en bordure d’une voie rapide, imposent leur présence. Cette cohabitation étonnante au premier regard et qui prête à sourire illustre pourtant une double réalité : la modernité de la société islandaise et son urbanisme en plein développement depuis les années 80 et la prégnance de la tradition et des croyances millénaires.
Michel Eisenlohr, photographe de la trace, de la lumière et du sensible, entreprend ici de relever un défi. Photographier l’invisible… Inspiré par les contes et légendes, guidé par les recherches des ethnologues, géographes et archéologues, il nous offre une immersion dans ces lieux naturels ou urbains et nous rend compte par l’image de cet héritage immatériel.
Huldufólk, Le peuple caché
Jusqu’au 7 janvier 2017
Art-Cade, Galerie des Grands Bains-Douches de la Plaine
35 bis rue de la Bibliothèque
13001 Marseille
France