Natif d’Aurillac mais ayant fait ses études à Toulouse, Michel Birot intégra le laboratoire de l’Agence Delpire à Paris en 1975, collabora avec de grands magazines comme Réalités et le Figaro Magazine puis travailla essentiellement dans la photographie de mode et de publicité tout en conservant un esprit libertaire et engagé dans la lignée de la nouvelle photographie en pleine éclosion.
En 1995 pour le journal Libération il couvrit la Coupe du Monde de Rugby, un sport et une culture qui était sa grande passion. En 1997, il s’y consacra corps et âme en fondant, avec sa compagne Hélène, le magazine Attitude Rugby, un titre atypique dans la presse sportive française, à la maquette très sobre rappelant de grandes revues d’art ou de mode comme l’Egoïste ou L’Insensé. À travers les pages, il fit participer nombres d’intellectuels et d’écrivains de tous horizons. Totalement libre de ses choix, il put ainsi poursuivre son œuvre personnelle en noir et blanc dans la lignée de Cartier-Bresson et de Robert Frank pour donner de ce sport une vision décalée, afin de serrer au plus prés les joueurs dans les vestiaires ou en action dans la boue, dans leur rapport au sol, à la terre, dans l’entremêlement, le nœud, l’effort brutal ou la force virile. Il exposa plusieurs fois à la Galerie Photo4 à Paris ses images des mêlées, véritables fresques abstraites d’une grande rigueur formelle qui le rattachaient aux photographies de grands classiques tels que Weston , Dieuzaide ou Gibson.
Celui que l’on surnommait « l’œil du rugby » aimait répéter que le rugby était pour lui un prétexte pour entrer dans la grande famille de l’homme.
« J’ai choisi le rugby par passion comme d’autres les lions d’Afrique et d’autres encore les faubourgs du monde. Seul le temps donne du sens à nos menus travaux ».
Ces derniers temps, tout en passant de plus en plus de temps au Pays basque, il avait mis de l’ordre dans ses archives tout en poursuivant sa double vie
de photographe, toujours entre deux matchs, et celle de chef d’entreprise atypique dans ses bureaux situées dans les fameux Frigos de Paris, une friche industrielle transformée en résidences d’artistes et d’artisans où il dirigeait la nouvelle formule d’ Attitude Rugby.
Il est décédé à Ivry sur Seine le 27 décembre entouré des siens des suites d’une longue maladie mais ses archives uniques sur le rugby lui survivront par leurs qualités esthétiques mais aussi par leur chaleur humaine.
Claude Nori