Le photographe suisse Michael von Graffenried est un maître du panoramique. Ce format est historiquement lié aux paysages, mais le Bernois en fait un tout autre usage. Il en profite pour inclure le plus possible de vie, d’action et de tension dans son cadre, que le photographe soit dans la casbah d’Alger, la fête de la bière à Munich ou une scène de drogue dans sa ville natale.
Von Graffenried tient son appareil au niveau du nombril et le déclenche à l’aveugle, inaperçu des personnes qui l’entourent. Comme il est très grand et expérimenté, son nombril a un excellent œil.
Aux préparatifs des JO de Rio, donner l’illusion de l’ordre dans le chaos
Un livre et une exposition au Brésil présentent son dernier reportage, réalisé lors des préparatifs des Jeux olympiques de Rio de Janeiro. Il s’agissait alors de construire des stades, de créer des infrastructures, de pacifier les favelas. Bref, de donner l’illusion de l’ordre dans le chaos, de la prospérité dans la précarité.
Michael Von Graffenried élargit son champ de vision à la violence, à la pression policière, aux inégalités sociales, au travail forcé. Un bon exemple, les personnes qui arrachent à la main, une à une, les mauvaises herbes d’un terrain de golf olympique. Voilà à quoi sert la bonne photographie : ne pas être dupe. Et cette photographie-là restera : les jeux de Rio sont terminés, mais les images de Michael von Graffenried garderont leur pertinence.
Luc Debraine
Michael von Graffenried, Changing Rio
Jusqu’au 30 septembre 2016
Espaço Cultural Maison
Rio de Janeiro
Livre aux éditions Slatkine
http://www.slatkine.com/fr/nouveautes/editions-slatkine
