La Galerie Camera Obscura accueille pour la première fois Michael Ackerman avec cette exposition. Il nous y livre une vision toujours aussi puissante, parcourue de fantômes, des lieux qui inspirent son oeuvre depuis des années : l’Inde, New York, la Pologne… Mais l’intime a aussi son importance dans ce travail, qui est évidemment une autobiographie : la naissance de sa fille y incarne la douceur d’un monde qui n’est pas que fureur.
Watermark. Ce titre fait référence à un petit incident de laboratoire. Un signe. Sur la planche contact du film réalisé juste après la naissance de sa fille, une marque circulaire, comme dessinée par une main invisible, entourait précisément le visage de Jana.
Simple trace due à une goutte d’eau calcaire.
Mais watermark désigne aussi le filigrane, motif caché dans l’épaisseur du papier, que seul le contrejour révèle. Ackerman ne montre pas seulement le monde visible : à travers ses photographies, d’autres images apparaissent, que les apparences suggèrent, suscitent. L’histoire surgit des paysages, elle infuse les lieux, les personnages. Les photographies d’Ackerman résonnent longtemps en nous, en profondeur.
Né à Tel Aviv en 1967, Michael Ackerman passe son enfance et sa jeunesse aux USA, où sa famille a émigré en 1974. Il vit aujourd’hui à Berlin.
En 1999, la publication de « End Time City » par Robert Delpire fut un choc et la découverte rare d’un talent de grande intensité. Ackerman nous y livrait sa vision hallucinée de Bénarès : errance crépusculaire et tourmentée d’une cité où la vie est d’autant plus exhubérante que la mort l’habite. Tout le travail d’Ackerman est à cette image, d’une urgence existentielle à la fois désespérée et lumineuse, violente et tendre.
Michael Ackerman – Watermark
7 juin au 27 juillet 2019
Galerie Camera Obscura
268, boulevard Raspail
75014 Paris