Un soir de 1993, la photographe Merry Alpern rend visite à un ami qui habite un loft dans le quartier de Wall Street à Manhattan. Il l’amène à l’arrière du bâtiment et, médusée, elle découvre dans l’immeuble d’en face, un étage plus bas une autre, toute petite fenêtre, celle des toilettes d’une boite de striptease illégale par laquelle elle voit défiler traders en costume-cravate et danseuses en strass qui échangent baisers, argent, drogues et autre. Médusée, elle prend son appareil photo et pendant six mois, jusqu’à la fermeture de la boite, elle photographie les transactions qui s’opèrent derrière cette fenêtre sale, utilisant une pellicule rapide qui génère des images en noir et blanc, très cinématographiques.
Avec ce travail l’artiste postule en 1994 pour une bourse de la National Endowment for the Arts mais à sa surprise, se trouve vilipendée, en même temps que les artistes Andres Serrano et Barbara DeGeneviève, par les acteurs politiques conservateurs qui cherchent à décrédibiliser la NEA. Aujourd’hui la série figure dans les collections permanentes américaines les plus prestigieuses dont the Whitney Museum of American Art, le San Francisco Museum of Modern Art, le MoMA / Museum of Modern Art, le National Museum of Women in the Arts et le Museum of Fine Arts, Houston. En 1996, quelques images font partie d’une exposition collective intitulée ‘By Night’, et plus récemment, dans l’exposition collective ‘Public, Private, Secret’ organisée à l’ICP Museum de New York, de juin 2016 à janvier 2017.
Pour la première fois à Paris, la Galerie Miranda présente une grande sélection de tirages d’époque de cette série troublante et fascinante qui, prise avant l’existence des réseaux sociaux, reste aussi pertinente par les questions qu’elle provoque sur l’exploitation sexuelle des femmes, la consommation, le pouvoir, la finance, la surveillance et le regard féminin.
Merry Alpern – Dirty Windows
22 février – 20 avril 2019
Galerie Miranda
21 rue du Château d’Eau
75010 Paris