A la veille de l’investiture de Donald Trump en tant que 45e président des États-Unis d’Amérique, L’Œil de la Photographie propose de redécouvrir cette magnifique série de portraits prise en 1980 par Lisa Jack avec le Président Barack Obama, alors jeune étudiant à l’Occidental College de Los Angeles.
En 1980, encore étudiante à l’Occidental College, je connaissais un certain succès en tant que photographe. Mes portraits en noir et blanc de mes camarades étudiants avaient atteint une reconnaissance positive. Par conséquent, quand un ami d’ami m’a présentée à ce “beau gosse” nommé Barry, je savais que je devais le prendre en photo, parce qu’il était sexy et que… je n’ai pas pu résister. Barry a accepté de faire le modèle : ainsi sont nés le montage photographique qui suit et le texte qui l’accompagne. Je n’ai jamais vraiment réalisé mon rêve de devenir photographe professionnelle, mais j’ai conservé les négatifs de mes premières explorations photographiques. Maintenant que “Barry” est président, je les montre pour que les autres puissent voir un aspect de lui que je n’ai pas encore vu dans le tourbillon des médias contemporains. Je crois que les images qui suivent reflètent son goût pour l’amusement et sa prévenance, qu’il n’a j’espère pas perdus sur son chemin vers la Maison Blanche. Je tiens à dire que c’était le type le plus sympa et sincère de la fac.
Ces photos ont été prises en 1980, dans un petit appartement de Los Angeles, en Californie, à un pâté de maison de l’Occidental College. Ma colocataire et moi avions un caddie de supermarché en guise de table basse, et notre canapé était une causeuse en nylon à carreaux trouvée dans la rue. Notre moquette était un tapis vert d’intérieur/extérieur à poils longs, qui n’avait sans doute pas été lavé depuis son installation à je ne sais quel moment des années 1960. Barry est arrivé avec un bombers et ses cigarettes, portant un chapeau de paille pour le style (c’était son idée, pas la mienne). Il était aussi amical et charmant qu’il est possible de l’être et respectait très bien les consignes. Il ne se départissait pas de son grand sourire étincelant et me demandait quelle pose je voulais qu’il prenne. Nous avons discuté d’Hawaï et de New York, de choses superficielles, et j’ai essayé de le faire “parler à l’objectif”.
Après cette séance photo, nous nous sommes croisés de temps en temps sur le campus, sans forcément se parler. L’été suivant, alors que je me trouvais dans un club à Hawaï, j’ai vu Barry assis à une table à côte de la mienne. Il tenait dans ses bras deux femmes magnifiques assises à ses côtés. Il souriait et flirtait, puis il a relevé la tête et m’a vue en disant d’un ton enthousiaste : « Eh, je te connais ». Nous avons bu un verre et fumé une cigarette, puis nous sommes tous les deux repartis vaquer à nos “occupations”. C’était drôle de le voir. J’ai apprécié qu’un type tellement beau et cool me reconnaisse. C’est la dernière fois que j’ai vu Barry avant plus de 25 ans.
Je me suis arrêtée dans le bureau du Sénateur Obama pour lui dire bonjour lorsque j’étais à Washington DC il y a quelques années. Je regardais le décor penchée sur une balustrade dans le hall du bâtiment pendant qu’il assistait à une session législative. Quand j’ai relevé la tête, je l’ai vu marchant dans le couloir en ma direction, entouré de son équipe. J’ai crié : « Eh, Barry… Sénateur Obama ». Il m’a reconnue immédiatement et a quitté son équipe pour me donner une grande accolade. Nous avons parlé pendant cinq minutes de nos vieilles connaissances et de ce que nous étions à l’université. J’étais impressionnée et touchée que cet homme extraordinaire cesse ses activités pour prendre le temps de se souvenir du temps passé avec moi.
Quand j’ai revu le Sénateur Obama la fois suivante, c’était pour cette soirée historique à St. Paul, à l’Excel Energy Center, lorsqu’il a appris qu’il serait le candidat démocrate pour la présidentielle. Je ne dirai pas comment je suis parvenue à entrer dans le bâtiment, mais je pense que le type des services secrets se souvient de moi. Une fois de plus, quand Barack m’a vue, il a fait un grand sourire en disant : « Eh, les gars, regardez, c’est une ancienne camarade de classe ». Il a exprimé un bonheur sincère quand il m’a vue et m’a demandé ce que je faisais. Quand je lui ai demandé comment je pourrais entrer en contact avec lui à l’avenir, il m’a répondu : « On ne pourra pas… ». Il a regardé autour de lui, et m’a montré du doigt tous les dignitaires en ajoutant : « C’est ma vie maintenant. »
Je dois avouer que je me suis sentie un peu triste de ne pas pouvoir participer à la soirée de nos seules retrouvailles en dix ans. En même temps, j’étais étonnée qu’en cette soirée historique il prenne cinq minutes pour me saluer, moi, une vieille connaissance qui l’avait pris en photo il y a des années.
Quelle excitation de voir quelqu’un avec qui on est allé à la fac devenir Président des États-Unis d’Amérique, surtout si ce quelqu’un est aussi gentil et sincère. Je mentirais en disant que je le connaissais bien, mais comme beaucoup d’entre nous dans ce pays, il a laissé sur moi un profond impact. Je suis honorée de l’avoir connu et d’avoir été “la gardienne de ces photos pendant si longtemps”.
En ces temps pénibles, je souhaite le meilleur au Président Obama, et le remercie, du plus profond de mon cœur, pour sa gentillesse sincère à chaque fois que nous nous sommes parlés.
Lisa Jack
Lisa Jack est aujourd’hui professeure de psychologie et thérapeute aux États-Unis.
Les photos de Lisa Jack sont représentées par la M+B Gallery
612 N Almont Dr
Los Angeles, CA 90069
USA
