Rechercher un article

MEP : Tim Parkichov

Preview

Au cinéma, le suspense dénote un conflit non résolu, un enjeu à décider, un vague et inexplicable sentiment d’anxiété. Cet effet est devenu un instrument populaire dans les années suivant la Seconde Guerre mondiale et a instantanément permis d’utiliser et de réinterpréter la deuxième vague de l’existentialisme européen pour définir parfaitement la mélancolie incontrôlable qui s’abattait sur le monde d’après-guerre. Contrairement au grand écran, où la dose de suspense est soigneusement calculée par le réalisateur, dans la vraie vie, cette trépidation involontaire est souvent irrépressible et suffocante. De nos jours, cette réaction humaine primordiale est intensifiée et nourrie par les médias de masse essentiellement obsédés par les catastrophes. Les services d’information ont mondialisé l’espace que nous habitons et effacé ses frontières internes, au prix d’un ultime effet d’aliénation : notre malaise est devenu une forme d’isolement et de vulnérabilité de l’individu lorsqu’il est confronté à l’inconnu.

Le photographe est obligé de traverser l’espace — visuellement, pas physiquement — et en ce sens, en tant que voyageur, est plus vulnérable que le reste d’entre nous. Il peut se laisser saisir par une forme de suspense survenant de manière imprévisible sur un quai d’embarquement désert à Istanbul ou au milieu d’une place surpeuplée de Rome ou de Naples. La photographie devient un bouclier qui le protège de la stupéfaction et le réconcilie avec l’incertitude. Parchikov enregistre la confusion qui se profile quand notre délicat équilibre interne oscille au bord du gouffre. L’expérience esthétique personnelle du photographe expose l’agitation nerveuse propre à une situation, documente son état indéterminé.

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android