Pour sa première exposition européenne, Melisa Teo nous présente une partie de son voyage spirituel. Après une carrière dans l’édition, la jeune femme originaire de Singapour arrête tout soudainement, pour se consacrer à la photographie.
« J’étais éditrice au sein d’une maison d’édition jusqu’à ce que j’acquiers mon premier appareil photo. Mon appareil, c’est un peu comme ma boîte de Pandore, au sens où il a libéré les démons en moi. A Singapour, on a coutume de dire que les cinq C « Condominium, Cash, Car, Credit card, Country club » [Appartement, Argent, Voiture, Carte de Crédit, Club de Country] sont les clefs de la réussite. Alors pourquoi, si j’avais tout cela, étais je encore insatisfaite ? Quel était mon but dans la vie ? Et qu’est-ce qu’était la vie ?
J’ai pensé qu’à travers la religion je pouvais peut-être y trouver une réponse. »
Sa rencontre avec Abbas, photographe de Magum, fut décisive. Une grande partie du travail d’Abbas s’intéresse à la religion. Melisa quitte son emploi et part voyager avec lui en Asie, découvrant ainsi le Bouddhisme et l’Hindouisme. Inde, Népal, Japon, Birmanie, Indonésie… De ces voyages Melisa nous rapporte des photographies établies selon sa propre perception, ce qui rend son travail d’autant plus intéressant. Certes, l’on peut reconnaître les ghât du Gange mais la photographe les représentent à sa manière. Ici le cadrage et le focus parfait ne sont pas la priorité. Melisa fonctionne à l’instinct et utilise la lumière environnante. L’expérience de la méditation l’a beaucoup aidée, comme elle l’explique :
« La méditation est la clef de mon processus de création au sens où elle aiguise mon intuition en ouvrant le ‘troisième œil’. L’intuition est une connaissance intérieure, une force qui me pousse à agir sans motivation première… Où aller, quand y aller, que faire, où diriger mon appareil photo, quel cadrage choisir, quand appuyer sur le déclencheur, etc. Cette voix ‘intérieure’ me guide lorsque je travaille, tout comme dans ma vie quotidienne. Par moments, mon intuition me dit de prendre des risques et de me jeter à l’eau alors je le fais, et le sol s’élève toujours pour me rattraper. »
Les images sont empreintes d’une forte dimension picturale, à la limite de l’abstrait parfois. Presque surréelles. Certaines ne sont pas sans rappeler l’iconographie religieuse indienne, comme c’est le cas pour la photographie prise à Har Ki Pauri par exemple.
Après l’Asie, Abbas l’envoie à Cuba où elle va à la rencontre des prêtres Santeria. Le voyage se poursuit au Mexique. Au cours de ces quatre années où elle a parcouru le monde, Melisa Teo pense avoir trouvé une réponse à ses interrogations et être plus en harmonie avec elle-même. Loin d’être terminée, elle souhaite à présent poursuivre sa quête.
L’exposition Light From Within est accompagnée de la sortie du livre éponyme.
Juliette Deschodt
EXPOSITION
Lumière surgie de l’intérieur
Dans le cadre du Mois de la Photo-Off 2012
et du Festival Photo Saint-Germain-Des-Prés 2012
Du 9 novembre au 22 décembre 2012
Jas Gallery
17 rue des Saints Pères
75006 Paris
France
LIVRE
Lumière surgie de l’intérieur
Photographies de Melisa Teo
Epilogue par Abbas / Magnum Photo
Les Editions du Pacifique
L198 mm x H270 mm
136 pages
Français
ISBN 978-2-87868-164-2