Qui a dit que le corps était une chose aboutie ?
N’est-il pas avant tout de l’os, de la chair, de la peau; constitué d’une tête, d’un tronc, de bras et de jambes. Une dominante humaine qui sous certains regards perd son humanité quand le corps est morcelé ou déplacé. Le corps est le matériau de base à mes projets comme d’autres prennent la peinture pour commencer leur toile. Je le travaille comme une matière, ne l’appréhendant pas comme une forme finie. Il est modulable, le début d’une autre chose, je le choisis adaptable à mes idées et à ma pratique. Je le considère comme neutre sans la question de genre. Le corps est un entre deux, ni masculin, ni féminin, ni sexué, ni asexué et à l’inverse l’un et l’autre. Il n’est plus un aboutissement mais un commencement. Dans ma démarche le corps ne fait qu’un avec le décor. Ces «espaces privés» clos, sans ouverture pour le regardant. Ce dernier ainsi capturé s’inscrit dans la scène. Mes identités sont condamnées à rejouer éternellement la même situation.
Mes environnements, qui sont constitués de papier peint et de mobilier récupérés ,forment un espace sans temporalité définie. Lieu sans porte, sans fenêtre, donnant à voir des atmosphères confuses.
Mehryl Levisse
Portfolio week-end sélectionné par Sam Stourdzé.