Mehdi Meddaci est la révélation des dernières Rencontres d’Arles où son travail a été présenté aux Ateliers sous forme d’installation vidéo-sonore pour cinq écrans en simultané, une installation impressionnante, une expérience visuelle et sensitive saisissante. En voici un extrait pour un écran.
« Mon travail plastique demeure distancié, de l’ordre du poétique, témoignant d’un attachement profond à l’espace méditerranéen. Ilse construit par strates sous forme de dispositifs ou de modules autonomes comme Corps Traversés (2007), Lancer une pierre (2008) ou Sans-titre, Alger la blanche (2009) qui mettent en résonance photographie, vidéo et cinéma. À l’image d’une «mer au milieu des terres », tout réside dans le déplacement, entre son et image, document et artifice, vacillement des corps et prégnance des paysages. Le montage entretient chez le spectateur un certain désir de déconstruire pour reconstruire, donnant de l’importance à la présence de mondes possibles. Le visible est porté par l’étrange sensation d’un manque, celui d’une Histoire, peut-être. En altérant les signes d’apparitions de cette Histoire, je tente de réaffirmer une continuité menacée, aux limites de la disparition. Mes images montrent de manière littérale ou métaphorique un motif, un corps immergé entre deux rivages. Des personnes cadrées frontalement mais absentes, ancrées dans un décor et un contexte sociopolitique fort, mais en errance profonde. Paradoxalement c’est dans l’attente, contre le mur, que le besoin de traversée, de retour, est le plus perceptible. Murs apparaît comme un paysage, un territoire. Les situations et les gestes, saisis dans ce qu’ils ont de plus ordinaire, à la limite du document, forment le contexte nécessaire à une histoire : à un défilement du temps. Il s’agit d’une installation vidéo-sonore de cinq écrans pensée en simultané avec le film Tenir les murs, destiné à la salle de cinéma. Murs comprend l’intégralité des prises de vues du tournage. Tentant de montrer obsessionnellement l’écroulement de la fiction, l’installation élargit la vision et propose des ellipses de certaines séquences : un possible suicide, l’intervalle d’un pont bleu et le retour par la mer. Toutes ces situations forment le contexte nécessaire à créer un «mur de signes ». L’éclatement de la durée se propose alors comme un flux, érigeant la fragilité d’un évènement réel : la trajectoire inversée d’un exil sur l’image d’Alger. »
Mehdi Meddaci
Mehdi Meddaci est né en 1980 à Montpellier (France) dans une famille émigrée algérienne. Il est diplômé du Fresnoy Studio National des Arts Contemporains (France) et de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles (France), après avoir une Licence d’arts plastiques à l’Université de Toulouse Le Mirail. Ses œuvres sont régulièrement exposées depuis 2007, à l’occasion d’expositions collectives ou individuelles et de festivals : aux Rencontres d’Arles en 2012, au Centre Quatre à Paris (France), au Grand Palais à Paris (France) en 2008 notamment.
REPRESENTATION
Galerie Odile Ouizeman
www.galerieouizeman.com