Une exposition de photos d’Emile Zola se tient jusqu’au 31 janvier 2025 à la Médiatheque de Wimille dans le Pas-de-Calais.
Dans la vie d’Émile Zola, homme marié, écrivain célèbre en proie au doute à l’approche de la cinquantaine, l’année 1888 fut un tournant : il rencontra Jeanne, qui devint sa maîtresse et la mère de ses deux enfants ; et, en vacances à Royan, il fut initié à la photographie par des amis.
Ce n’est qu’à partir de 1894 qu’il s’engagea vraiment, en marge de son travail d’écriture, dans la pratique photographique. Le fruit de cette passion tardive, à laquelle il s’adonna jusqu’à sa mort en 1902, est un large corpus d’images, dont une importante partie est conservée aujourd’hui par plusieurs institutions. Une prépondérance de la thématique intimiste s’y fait jour : Zola interrogeait inlassablement les expressions et les attitudes de Jeanne et des enfants. Il saisissait aussi, sur le vif, sa femme Alexandrine, les amis qui leur rendaient visite à Médan, ses animaux favoris, les villages et paysages qu’il traversait à bicyclette. Zola fut également un « piéton de Paris », moissonnant les images des grands boulevards, ou de l’Exposition universelle de 1900, et un promeneur attentif dans les rues de Londres et des villages anglais qu’il arpenta pendant son exil.
Zola n’a rien d’un documentariste ou d’un photographe social, contrairement à ce qu’on pourrait supposer à la lumière de son œuvre romanesque et de ses combats de polémiste. L’examen du corpus des images zoliennes fait apparaître des analogies, une parenté de sensibilité, voire de style, avec certains représentants d’un courant apparu bien plus tard, entre les années 1930 et 1960, celui des photographes humanistes.
Une deuxième signification du mot humaniste caractérise la pratique de Zola photographe. Le maître de Médan, au sens classique et philosophique du terme, est un humaniste, c’est-à-dire que sa passion pour l’humain se conjugue à une soif de savoir et se fortifie d’une culture étendue dans le domaine des lettres et des arts. Cette culture s’exprime en particulier dans tout un ensemble de photos de natures mortes, mises en scène qui relient le passé au présent et théâtralisent, à travers de savantes compositions d’objets inanimés, riches de symboles, d’allusions et de références, les éléments d’une sorte de biographie intellectuelle. D’autres photos, portraits ou paysages, révèlent en filigrane une dimension plus esthétique de cet humanisme : la connaissance approfondie qu’avait Zola de l’art occidental, et spécialement de la peinture impressionniste.
Le 24 janvier se tiendra une conférence « Zola, photographe humaniste ? »
Par Bruno Martin, Chargé de fonds Département de la photographie
Médiathèque du patrimoine et de la photographie
De 18h30 à 20h00
La Médiathèque
3 rue de Ledinghen
62126 Wimille
Médiathèque Centre, Espace Culturel Pilâtre de Rozier
+33 (0)3 21 83 36 43
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