Quand en 1872, Médéric Mieusement (1840-1905) propose au Ministre de l’instruction publique de réaliser pour le compte de la Commission des monuments historiques des prises de vues des monuments français, il a déjà acquis une solide expérience de la photographie d’architecture : il a fait ses premières armes en 1859 à l’âge de 19 ans, au château de Blois, aux côtés de l’architecte Felix Duban. Si en 1872, sa proposition n’est pas retenue, deux ans plus tard, la Commission lui achète une sélection de photographies choisies dans le catalogue qu’il lui a fait parvenir. Dans les années qui suivent, elle fait régulièrement appel à ses services, notamment pour photographier des monuments en cours de restauration. Par ailleurs, en 1881, Mieusement est chargé par la direction des cultes de réaliser, sous la direction des architectes diocésains, des images des cathédrales. En 1882, Mieusement se rend à Nevers. Il doit photographier la cathédrale à la demande de Victor Ruprich-Robert qui est à la fois architecte diocésain et inspecteur des Monuments historiques. Les prises de vues attestent de son systématisme. Mieusement tourne autour de l’édifice et le photographie sur toutes ses faces. Il réalise des plans larges avec toutefois juste ce qu’il faut de ciel et de sol pour obtenir une composition équilibrée. Il n’hésite pas à négocier avec des particuliers qui habitent à proximité afin de pouvoir bénéficier de chez eux d’un point de vue élevé qui permet de réduire les déformations. Mieusement intègre également l’environnement de la cathédrale parce qu’il ne peut l’éviter, certes, mais aussi pour rendre compte du contexte urbain. Pour les vues intérieures, il monte sur des échafaudages. Comme pour l’extérieur, il choisit des points de vues obliques car ce sont ceux qui donnent à voir le maximum d’éléments et qui restituent le mieux l’articulation des différentes parties de l’édifice. Par ailleurs, l’image produite est ainsi beaucoup plus dynamique. A partir de 1883 et jusqu’en 1890, Mieusement obtient l’autorisation d’exploiter une partie du fonds photographique de la Commission des Monuments historiques. C’est un homme somme toute très habile car il réussit à concilier les contraintes d’un exercice imposé au souci de mettre en valeur le modèle architectural et de livrer une photographie séduisante et parfaitement commercialisable grâce au soin apporté à sa composition.
I.G.