Quand j’avais 17 ans, alors que la photographie était un médium nettement plus jeune, je voyais parfois des photos d’un homme appelé William Mortensen dans les magazines que je lisais. Il n’y avait rien qui leur ressemblait… Rien du tout. Elles ressemblaient à des peintures mais pas vraiment, elles étaient comme des illustrations mais pas vraiment non plus, et elles étaient belles, mais réalisées d’une manière que je n’arrivais pas à appréhender. Je les adorais. Après un moment, elles disparurent des publications et j’oubliais tout à leur sujet, mais j’imagine qu’en réalité elles ne s’évanouirent pas tout à fait de ma mémoire, puisque quand j’en ai revu une cinquante ans après, l’élan d’émotion que j’ai ressenti en la reconnaissant m’a pris totalement par surprise. Cette image m’a autant frappé que lorsque j’étais adolescent. Je pus découvrir une partie de la vie de Mortensen sur Internet : ses succès, ses prises de bec avec Ansel Adams dans Camera Craft Magazine, sa disparition de l’histoire de la photographie laissée entre les mais d’Adams et de Beaumont Newhall et, aujourd’hui, la lente ré-émergence de son travail qui a été republié et sur lesquels des livres ont été écrits. J’ai été fasciné par les mystérieux vides dans sa biographie : pourquoi a-t-il quitté une carrière à Hollywood pour vivre et travailler dans la paisible ville de Laguna Beach ? Qu’est-ce qui a mis à ce point en colère la mère de Fay Wray pour qu’elle détruise presque toutes les photos qu’il avait faites de Fay et, plus important encore, comment a-t-il réussi à faire ces images lumineuses ? Le fait de penser que les réponses à ces questions étaient perdues dans le passé, comme les détails que vous oubliez de demander aux membres de votre famille avant qu’ils ne disparaissent, me rendait triste et je trouvais dommage de ne pas tout savoir sur lui.
Et puis j’ai vu le livre appelé Mortensen and Me. Écrit par un homme appelé Robert Balcomb, il promettait de répondre à certaines des questions que je pouvais me poser. Je l’ai acheté et j’ai découvert qu’il y avait bien ces réponses et d’autres choses encore. Balcomb a étudié avec Mortensen dans les années 50 et ils devinrent amis. Puis Balcomb choisit de pratiquer le portrait pendant cinquante ans en utilisant les méthodes que Mortensen lui avaient apprises. Son livre est une réminiscence, un mémorial à son ami, un tutoriel, une démonstration des techniques que Mortensen utilisait et, enfin, un portfolio des magnifiques portraits qu’il a faits en les employant.
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LIVRE
Me and Mortensen – Photography with the Master
Robert Balcomb
Disponible chez Amphora Press www.amphoraeditions.com
Texte d’Andy Romanoff – [email protected]
www.andyromanoff.zenfolio.com