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Matt Henry

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Matt Henry photographie des petites histoires des 60/70s comme des idéogrammes photographiques. Trois décennies d’addiction au cinéma américain et aux séries américaines, l’ont amené à créer un univers où la fiction narrative nous aspire. Ses photographies pleines et graphiques s’apprécient puis se réfléchissent pour nous conduire à penser 60/70s.

D’où vient votre photographie ?
M. Henry :
Toutes mes photographies sont faites au Royaume-Uni. Elles s’inspirent d’un contexte américain alors je construis des décors en utilisant des accessoires que j’ai trouvé aux États-Unis pour recréer l’impression adéquate.

Quand a lieu l’instant décisif pour vous ?
M. H :
Mon travail est très scénographié donc je ne pense pas que le moment décisif soit un concept qui s’applique ici. Il peut y avoir une harmonie dans le cadre en termes de composition ou de couleur qui peut m’encourager à appuyer sur le déclencheur, mais j’observerai le résultat et je recommencerai encore et encore jusqu’à ce que j’ai le sentiment d’avoir obtenu ce que je désire.

Qu’est-ce qui a inspiré votre travail/votre série ?
M. H : Chaque série est différente mais le thème prépondérant est la culture et la politique des États-Unis, le plus souvent durant la période des années 60 et 70 ; c’est un thème sur lequel je me suis concentré pendant mes études en théorie politique. Les années 60 comme partie intégrante de notre histoire politique m’intéressent beaucoup ; que tous ces mouvements aient pu survenir au cours d’une aussi courte période de temps, mener ces luttes et gagner des droits que nous considérons comme acquis aujourd’hui. La liberté de parole, les droits civiques, les droits des femmes ; le droit de dire que le gouvernement ne devrait pas faire la guerre en notre nom. Ces mouvements sont allés si loin qu’ils ont en quelque sorte implosé et Nixon est arrivé au pouvoir. Je travaille sur des projets à long terme qui se focalisent sur ces problèmes mais jusqu’ici, je n’ai fait que les effleurer dans mon travail qui s’est plus fondé sur la culture populaire de cette époque, même si je pense que vous ne pouvez pas séparer l’un de l’autre.

Quel lien y a-t-il entre votre travail commercial et votre travail artistique ?
M. H :
L’un paie pour l’autre ! Mais mon style et mon intérêt pour le récit imprègnent mon travail commercial. Je suis intéressé par les segments négligés d’histoires où il est possible que demeure une forme d’ambiguïté pour le spectateur. Les spectateurs aiment être mis au défi et ils zappent lorsqu’une image contient toutes les réponses. Ainsi j’essaie de développer cette approche dans le cadre de mon travail commercial lorsque cela est possible.

Une priorité : une grande campagne de publicité ou exposer en galerie ?
M. H :
Je pense que ceux qui répondent « une formidable campagne publicitaire » devraient ranger leur appareil sur le champ, mais je n’ai pas non plus beaucoup de temps pour visiter de grandes galeries. Elles ne prennent pas réellement beaucoup de risques avec leurs expositions comme si elles étaient enlisées dans la répétition d’une histoire de la photographie ou des beaux arts créée par un groupe restreint d’universitaires et de curateurs. Il y a beaucoup plus de travaux intéressants à découvrir dans de plus petites galeries qui peuvent prendre plus de risques et peuvent participer à des champs de recherche contemporains ou en ligne, bien sûr. C’est le point fort d’internet ; qu’il permette de s’extraire du système de domination imposé par les galeries et d’offrir à chacun la possibilité d’être un curateur – la « tumblr generation » peut dire simplement : « j’ai vu ceci, cela m’a fait quelque chose, jetez un coup d’œil… »

Quelles sont les tendances photographiques actuelles selon vous ?
M. H :
Je ne m’intéresse pas aux tendances mais je trouve qu’il y a un mouvement général tendant à s’éloigner du réalisme et du documentaire « objectif » pour aller vers un travail de fiction faisant la part belle à la narration. Je pense que cette orientation est plus honnête de bien des manières. It doesn’t pretend that the photographer isn’t in the equation. It says yes I’m here, I have a viewpoint, and this is my take on the world… this is what I want to communicate. There’s room for both approaches of course, but photography has been limited by its fixation on the real in the way that film hasn’t.

L’expérience du monde a incroyablement changé, sa représentation a évolué ; le numérique devient-il indispensable dans le processus de création photographique ?
M. H :
L’argentique est toujours promu au niveau universitaire, au moins au Royaume-Uni, mais ce débat ne m’intéresse pas trop. Je veux raconter une histoire, ou communiquer quelque chose. Et j’aime le faire le plus vite possible pour passer à mon prochain projet, et le numérique me permet de gagner du temps. Le médium n’a pas trop d’importance ; vous pouvez utiliser la peinture, le film, la sculpture ; du moment que vous pouvez dire ce que vous voulez avec !

Basé à Brighton, Matt Henry vit et travaille entre Paris et Londres.

Propos recueillis par Séverine Morel 

REPRESENTATION
Londres ; HORTON-STEPHENS – http://www.horton-stephens.com
Paris : ARTEM – http://www.artem-paris.com

GALERIE
ONE EYED JACKS – http://www.oneeyedjacksgallery.com

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