C’est une première exposition nord-américaine pour ce photographe hollandais qui a reçu un World Press Photo en 2011. Au travers de son style documentaire tout en mouvement, il nous amène à poser un regard sur les populations de villes surpeuplées.
Quel meilleur endroit que New York pour exposer un travail photographique sur la vie des habitants de « méga agglomérations », ces villes où la population se compte en millions d’individus. Martin Roemers n’a pourtant choisi aucun site urbain occidental pour son projet mais préféré poser son regard distant sur plusieurs grandes villes d’Asie ou du Moyen Orient, tel que Karachi, Le Caire ou Istanbul. A travers ses images, nous découvrons que ces cités en éruption abritent aussi des hommes.
A commencer par ceux qui marchent dans les rues de Calcutta ou de Bombay, où l’on dit que l’humour pratiqué sur le trottoir ressemble à celui qui peut surgir par inadvertance à New York : instinctif, généreux, humain presque en réaction à la dimension impitoyable de la ville. C’est justement l’un des aspects importants de la série du photographe hollandais, qui cherche à révéler par l’image qu’une sorte d’humanité résiste aux difficultés de la vie urbaine. Il faudra le trouver dans son regard sur les vendeurs ambulants, les voyageurs, les passants, les habitués de marchés, véritables poumons de ces cités.
Plutôt que d’avoir choisi un style rapproché pour documenter leur quotidien, Martin Roemers a inévitablement opté pour la distance dans des compositions soignées où les effets de mouvements réalisés par exposition rallongée sont omniprésents. Saute alors aux yeux un trafic quasi permanent de visages ou d’objets. Bien sûr, on y entreverra l’énergie et la vitalité des âmes humaines dont Martin Roemers parle mais également une atmosphère oppressante, largement créée par la densité des éléments qui composent ses photographies.
Certes, le photographe fait le dur constat de phénomènes modernes auxquelles l’humanité et ses presque sept milliards d’individus sont soumis, mais en choisissant exclusivement cet angle il abandonne l’idée de montrer de près leurs ressenti. Nous sommes au centre de l’évolution du documentaire, où le photographe n’est plus un témoin rapproché mais observe le monde dans l’habit d’un géographe avisé. Deux points de vue moins éloignés que les images semblent signifier.
Jonas Cuénin
Metropolis, Martin Roemers
Anastasia Photo
166 Orchard Street
New York, NY 10002
212 677 972