Lorsque sexe et photographie s’associent, il s’agit fréquemment de manipuler nos perceptions. Façonnés par le désir de capturer ou de prolonger un moment, certains détails se retrouvent estompés, alors que d’autres deviennent plus nets. Photographe basée à New York, Marsha Owett s’expose à la galerie Alfstad & Contemporary. En évoluant dans ce nouveau parcours intitulé Fifty Shades of Red [cinquante nuances de rouge], on ne sait jamais vraiment ce que l’on regarde. Mais l’émotion est là.
La vue et le toucher sont des sens intimement liés : l’image d’une texture peut provoquer une réaction palpable, tandis qu’une absence d’information visuelle peut titiller l’esprit et l’inviter à s’égarer. Dans Shade 8, le floral et le charnel sont comprimés l’un dans l’autre par une faible profondeur de champ. Bouleversant les conventions sur la prise d’âge et la sexualité, les “imperfections” sont souvent les seuls éléments qui soient nets. Manipulant le gestaltisme de manière alléchante, une rose blanche peut se muer en cuisse et l’extrémité d’un doigt en sein.
Marsha Owett est douée pour évoquer la texture et dirige ce talent sur son propre corps, exhibant sa fragilité avec arrogance. Des images de chair prises en macro sont drapées de pétales de roses qui encadrent la peau de l’artiste d’une palette sensuelle. Dans sa façon d’accueillir le temps qui passe, chaque image exhale un parfum de luxuriance et d’excitation.
Dans certaines images, les fleurs se substituent au corps. Avec un procédé qui tient de la peinture gestuelle, l’artiste prend des milliers de photos, reproduisant des fantasmes sur sa chair par procuration. Les images qui en résultent ne sont pas retravaillées et diffusent alternativement convoitise lubrique, traumatisme, désir et chagrin.
Marsha Owett, Fifty Shades of Red
Du 6 avril au 26 mai 2017
Alfstad Contemporary
1419 5th St
Sarasota, FL 34236
USA