Hassan Hajjaj, né en 1961, à Larache, au nord du Maroc, vit actuellement entre Londres et Marrakech. Repéré en 2006 par la critique d’art Rose Issa, il participe à de nombreuses expositions au Maroc, en Angleterre, au Mali et au Moyen-Orient. En 2009, il était finaliste pour le Jameel Prize of Islamic Art, lancé par le Victoria & Albert Museum de Londres.
L’univers photographique de Hassan Hajjaj puise sa force et sa vitalité dans son histoire personnelle. Enfant des années 1960, il grandit au Maroc, avant de découvrir, ébloui, Londres et sa scène artistique. Il va tour à tour y promouvoir des musiciens, produire des vidéoclips, créer une ligne d’accessoires et ouvrir une boutique de prêt-à-porter, rap, qui devient l’un des hauts lieux de la mode des années 1980. Riche de ces expériences, Hassan Hajjaj crée dans les années 2000 des installations-décors qui témoignent de sa fascination pour le chaos flamboyant et organisé des souks, les produits de consommation, l’imagerie populaire et le pop art américain. En détournant la fonction des objets et en amplifiant certains motifs, il crée des univers ludiques et conviviaux qui transcendent les codes et les usages du salon, espace social par excellence au Maroc.
À la même époque, il élabore des séries photographiques dont la mise en scène soignée témoigne de son admiration pour Samuel Fosso, Malik Sidibé mais aussi David LaChapelle. Ses photographies, réalisées à Marrakech, exploitent avec humour et dérision les effets de contresens et d’ambiguïté véhiculés par le voile et l’habit traditionnel, et explorent les codes sophistiqués de la mode ou des vidéoclips. Les accessoires, aux logos haute couture ou sportswear, dépassent le plaidoyer de l’orientalisme, ou celui de la condition féminine – des jeunes femmes voilées et vêtues de djellabas se transforment en icônes de magazines et stars du hip-hop. Kitsch et colorées, subversives et décalées, les images de Hassan Hajjaj interrogent les problématiques de regards et d’échanges culturels entre Orient et Occident.
Mouna Mekouar, commissaire
Texte extrait du livre-catalogue « Photoquai » coédition Musée du Quai Branly- Actes-Sud