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Markus Brunetti, Façades

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Les villes de Reims, Amiens, Paris, Dresde, Cologne ou Orvieto ont un point commun. Elles ont toutes des cathédrales que les touristes affectionnent. Ces monuments font partie de la longue liste de lieux que Markus Brunetti a choisi de représenter. Le sens de la perfection et de la rigueur caractérise son œuvre. Depuis plus de dix ans, Markus Brunetti voyage avec sa compagne Betty Schöner à travers toute l’Europe pour photographier les façades des édifices sacrés.

Les architectures gothique, romane, baroque apparaissent ici avec leurs plus infimes détails. Brunetti parle d’un « Grand Tour » à la manière des amateurs d’art, écrivains et artistes du siècle des Lumières. Au milieu du XIXe siècle, les photographes qui entreprenaient ce voyage s’étaient donnés pour tâche de photographier les monuments historiques de France, d’Italie, de Grèce, d’Égypte et de Palestine. Pour Brunetti et sa compagne, le projet n’est pas moins ambitieux. Après l’Europe de l’Ouest, ils se concentrent aujourd’hui sur l’Europe du Nord et s’apprêtent à partir vers l’Est. Le voyage devrait les mener jusqu’en Russie, puis le continent asiatique. Il y a potentiellement des milliers d’églises à photographier.

Il photographie chaque fragment, tel un scanner

Le côté sériel, précis, factuel et typologique de l’œuvre de Brunetti n’est pas sans rappeler les photographies de Bernd et Hilla Becher. Alors que ceux-ci travaillaient en noir et blanc et en argentique, Brunetti suit une démarche totalement autre en raison de la technique du numérique. Il photographie chaque fragment tel un scanner de haute définition, pour ensuite réunir numériquement toutes ses images en un ensemble cohérent. Sa méthode de prise de vue aussi démente que titanesque dépasse largement l’idée que nous nous faisons de la photographie. L’outil numérique que l’artiste connaît à la perfection n’est pas une fin en soi. Le processus est intrinsèquement long et fastidieux – Brunetti travaille parfois plusieurs semaines voire plusieurs mois sur une même façade – puisqu’en fin de compte, il s’agit toujours de reconstituer la richesse architecturale des édifices à partir de multiples pièces d’un puzzle décomposé.

Jamais les églises n’ont été représentées de la sorte. Les tirages grand format obtenus s’apparentent plus aux plans originaux des architectes – qui n’ont pourtant jamais existé – qu’à une photographie traditionnelle. Qui a vu la cathédrale de Strasbourg ou de Chartres ainsi ? Personne à vrai dire. Ce n’est pas un sentiment religieux qui anime Brunetti dans son entreprise. Il ausculte la surface, suit les contours et les détails architecturaux et ne pénètre jamais à l’intérieur des édifices. Ils nous font face. Les images de Brunetti oscillent entre le réel et le virtuel, avec un aspect vertigineux. Pour le spectateur, il en ressort assurément une vision inédite.

Nathalie Herschdorfer

Markus Brunetti, Façades
Jusqu’au 16 octobre 2016

Musée des beaux-arts du Locle
Rue Marie-Anne-Calame 6
2400 Le Locle, Suisse

www.mbal.ch

www.markus-brunetti.de

Autour de l’exposition

Markus Brunetti : Facades 2016. Cathédrales, églises et cloîtres en Europe
Edité par l’artiste, 2016 (anglais/allemand/français)

La publication paraît à l’occasion de l’exposition et est accompagnée d’un essai de David Campany.

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