Mark Seliger, c’est une grande partie de ma vie photographique. Il y a 22 ans, alors que je m’installais à New York à la demande du patron d’Outline (Jim Roehrig), Mark Seliger était déjà un des photographes phare de cette magnifique agence de presse. Tout de suite, on est en 1996, je me rends compte que New York a déjà de l’avance dans le marché de la photo d’art. La première expo ou je suis invité est celle de Seliger (Physiognomy), représenté alors par Howard Greenberg qui pour l’occasion se fait prêter un plus grand espace que sa galerie de Wooster Street : The Soho Triadsur Grand Street. C’est ma première rencontre avec l’artiste du Texas !
Quelques années plus tard, en 2000, quand je créé ma première galerie à Paris, c’est à Mark Seliger que je demande de faire l’exposition inaugurative. A l’époque, il est le photographe attitré du puissant magazine Rolling Stone de Jann Wenner. Grace à ce titre ultra populaire, Mark va shooter toute la planete. Que ce soit des musiciens, des stars de cinéma, des politiciens, des artistes, tous les grands de ce monde passent devant son objectif. Le petit photographe d’Amarillo s’achète un building sur l’Hudson (on Charles Street), le transforme en énorme studio de prise de vue et devient LE portraitiste de New York.
Par la suite, Mark élargira son pannel de clients, mettant son talent au service de W, Vanity Fair, Vogue, Harpers Bazaar etc… Pour eux, il s’essaiera aussi à des séries de mode, sublimes, et deviendra un photographe très prisé par les plus grandes marques américaines à la recherche de visuels publicitaires élégants et efficaces. Dans son temps libre, il fait des recherches photographiques très personnelles et sort deux livres de portraits bouleversants : « When They Came to Take My Father: Voices of the Holocaust » sur des rescapés des camps nazis et « On Christopher Street – Transgender stories » sur la communauté transexuelle de Christopher St à NYC.
Nous ferons quatre expositions ensemble : Physiognomy, The Platinum Show, In My Stairwell et Listen. Avec le temps, l’artiste du West Village est devenu un ami. Il est simple comme seuls les grands savent l’etre. Il est à l’écoute, il est généreux, bien sur il est casse pieds par moments, mais c’est parce que l’excellence requiert toujours une certaine exigence. A very good man.
Mais Mark Seliger ce n’est pas que de la photo. C’est aussi du film (les clips de son pote Kravitz), de la musique (deux albums de rock country, fidèle à ses racines, avec son groupe The Rusty Trucks), de la télévision (avec son émission « Capture »), bref c’est un multicarte. Je pense qu’il aurait meme pu etre acteur.
Pour ses trente ans de carrière, Abrams sort une monographie très riche : « Mark Seliger – Photographs » avec Kurt Cobain en couverture et le célèbre dos de Barack Obama en 4ème. Ce livre a donné naissance a une exposition de 32 portraits « XXX » qui aura lieu dans mon humble galerie à l’Alma de septembre à novembre. Le magazine PHOTO rend hommage ce mois-ci à notre exposition en lui consacrant la couverture et 14 pages, merci Agnès.
Quant à Mark et la France, c’est une belle histoire d’amour. Il shoote de plus en plus de couvertures pour le magazine ELLE. Ce fut Jennifer Lawrence il y a 10 jours mais surtout la première couverture de Brigitte Macron l’an passé qui a battu tous les records et pour laquelle le magazine a reçu prix du « coup éditorial de l’année ».
« XXX » est ma cinquième exposition avec Mark Seliger, 30 ans de carrière et 22 ans d’amitié.
Arnaud Adida.
Mark Seliger – XXX
24 septembre – 3 novembre 2018
A.galerie
4 rue Léonce Reynaud
75116 Paris