Mark Lewis – Above and Below est le premier catalogue édité entièrement par le BAL, à l’occasion de l’exposition du même nom. Le livre est superbe et il réussit l’exploit de rendre vivantes et lisibles les vidéos, sans sacrifier la reproduction des images.
Il faut souligner ici le magnifique travail sobre de la graphiste Agnès Dahan. Les films ouvrent sur un fond noir qui n’affiche que le titre et la date, puis défilent image après image au fil des pages, à la façon de ces flipbooks qui font le lien entre vidéo et livre : un procédé qui en restitue la fluidité, et met en valeur le sens de la composition et du mouvement de Mark Lewis. Posées en bandes à fond perdu d’un bord à l’autre sur la feuille blanche, comme un écran sur un mur, les vidéos occupe chacune un espace différent de la précédente, alternativement en haut, en bas, ou au milieu de la page.
On y trouve cinq des films de l’exposition : The Pitch (1998), Cigarette Smoker at the Cafe Grazynka Warsaw (2010), Above and Below the Minhocão (2014), Forte! (2010) et Cold Morning (2009), auxquelles s’ajoutent cinq autres : Observation in Cheorwon County (2014), The Moving Image (2011), Rush Hour, Morning and Evening, Cheapside (2005), City Road 04 May 2012 (2012) et Windy Day (2012) qui permettent d’explorer différentes facettes du cinéaste, comme ses images à l’envers, ses variations sur le paysage, la vie urbaine, les déplacements. L’ensemble donne une vision large du cinéma de Mark Lewis et compose une autre version de ce qu’aurait pu être l’exposition.
Le livre est introduit par un texte de l’artiste sur les figurants au cinéma, qu’il lit dans The Pitch : un manifeste qui dévoile sa curiosité pour les gens, les gestes en apparence anodins et les à-côtés, les arrière-plans du monde contemporain. La conclusion revient à Chantal Pontbriand, commissaire de l’exposition avec Diane Dufour, avec un beau et long texte, présenté comme le précédent en français et en anglais. Il contextualise et décrypte le travail de Mark Lewis en explorant les notions qui y sont mises à l’œuvre – la modernité, le temps, le mouvement, l’appréhension d’un environnement, la ville ou l’invention formelle –, ainsi que le détail de ce qui constitue les vidéos. Citons-la : « La caméra avance lentement dans ce plan et donne l’impression d’un étirement du temps vers ce qu’on pourrait appeler une image “étendue”. Le spectateur a ainsi la sensation d’entrer dans le plan, une impression accrue par la taille de la projection qui rappelle l’échelle du corps face à un paysage, urbain ou naturel, ou une architecture. Une expérience sensorielle en découle, et c’est de cette expérience, de son potentiel que peut surgir une conscience élargie du monde. »
LIVRE
Above and Below
Mark Lewis
304 pages
289 images en couleurs
Conception graphique : Agnès Dahan
Textes de Mark Lewis et Chantal Pontbriand
Publié par le BAL
Distribué par Les Presses du réel
Format 21 x 24,5 cm
37 €