Italie, Piazza Armerina: comme l’une des villes invisibles d’Italo Calvino, un non-endroit. Une ville qui, à cause de son nom, est encore souvent prise par la plupart des Italiens pour une place (c’est ce que « piazza » signifie). Un village au cœur de la Sicile condamné par ce patronyme cruel à rester dans les limbes, à connaître une crise identitaire chronique. Pour lequel se surajoutent tous les problèmes de chaque village de l’île : le chômage, le déclin, la sensation d’avoir été laissé derrière par le reste du pays, et le fatalisme qui en découle. Tout cela contribue à créer un sentiment de détresse généralisé plus important pour les gens de Piazza que dans le reste de la Sicile : nous voyons sur les visages de ces Piazzesi lesquels d’entre eux si sont définitivement laissés aller, au point parfois de perdre la raison. Des visages qui semblent demander, plutôt que de l’aide, d’être simplement reconnus comme humains.
Mario Noto