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Marianna Rothen : Des ombres au paradis

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Photographe canadienne, Marianna Rothen réalise ses créations en suivant une démarche sophistiquée : après avoir pris ses sujets en numérique, elle photographie cette première image sur pellicule Polaroid, puis la scanne et l’imprime en numérique. Ses œuvres dégagent ainsi une atmosphère cinématographique et rétro tout à fait singulière.

Les personnages de sa série Shadows in Paradise sont personnifiés par l’artiste elle-même ainsi que ses modèles, muses et amies. Les photos ont été prises chez elle, dans l’état de New York, en deux phases : tout d’abord en 2015, alors que la maison était à l’abandon, puis au cours de l’été 2016, après de méticuleux travaux de rénovation.

Les portraits font référence à trois films : Persona, d’Ingmar Bergman, Trois femmes, de Robert Altman, et Mulholland Drive, de David Lynch. L’univers onirique de Marianna Rothen est dirigé par des femmes. Ses personnages, qui s’y retrouvent et s’y perdent, ont fait leurs débuts dans l’ouvrage Snow and Rose & Other Tales, publié en 2014 : les femmes de Marianna Rothen y dansaient, nues et exaltées, fêtant leur utopie libre de tout mâle. Dans les images d’aujourd’hui, elles luttent pour sauvegarder leur conception identitaire idéaliste et se remettre de leurs illusions brisées, tout en sombrant toujours plus profondément dans la folie. Cette nouvelle séquence explore la vie après le bonheur : on a reçu tout ce que l’on désirait, mais rien ne correspond à ce que l’on imaginait. Qu’est-ce qu’être femme, dans un monde dont les hommes sont bannis, mais où ils rôdent encore ? Telle est la question que pose cette série.

L’écrivain américain Carlo McCormick décrit ainsi ces photographies et l’endroit où elles ont été prises. « Nous connaissons ce lieu. C’est le paysage de ce que nous avons perdu, le terreau labouré dans lequel pousse ce que nous avons oublié… Ce n’est pas une destination, mais un chemin de traverse pétri d’indécision, une frontière que Marianna Rothen ne franchit pas vraiment. Elle la suit plutôt, comme un soignant caresse tendrement du doigt la boursouflure d’une cicatrice familière. Marianna occupe ces images et incarne la gentillesse silencieuse, le réconfort que l’on recherche alors que ce monde effrayant nous laisse esseulés. Où qu’elle se trouve, ici, dans le champ ou derrière l’objectif, elle n’est jamais véritablement ancrée. Sans substance, elle plane autour de nous, présence éthérée et translucide qui tient autant du ressenti que de la réalité concrète. »

 

 

Marianna Rothen, Shadows in Paradise
23 janvier – 24 février 2018
The Little Black Gallery
13A Park Walk, Chelsea
London SW10 0AJ
Royaume-Uni

www.thelittleblackgallery.com

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