Il était temps. Qu’est-ce qui suscite l’apparition de cette phrase chez moi, alors que je rencontre pour la première fois cette puissante séquence de photographies créée par Mariana Cook ? Il était temps de quoi ? Pour quoi ? Qu’est-ce qui presse ? Quelle est cette scène, que, poussés au gré d’indices, de reliques, d’avertissements chuchotés ou de non-dits, nous venons de trouver par hasard ? Quel est l’univers qui, à cet instant précis, exige autant d’attention focalisée, et peut-être même d’être sauvé ? Quelle justesse ou justice émerge sur les talons de notre arrivée si miraculeusement orchestrée ? Et d’ailleurs, peut-on parler d’arrivée, sur le seuil de telles images ? N’est-ce point plutôt cette succession d’images qui se penche vers nous et nous tend des instructions pour continuer le voyage ? De quelle façon peuvent-elles nous les transmettre ? Et comment pouvons-nous nous départir de notre présent, pour pénétrer dans le nouveau présent qu’elles nous offrent comme une pièce dans laquelle on entre. C’est là la question. Quelle ligne de vie nous jettent-elles pour nous sauver ? Sans un bruit, les questions s’accumulent, douées chacune de leurs propres attentes. En effet, infusé d’informations cruciales imparties par nombre de ces indices, ce qui déborde là dépend du fait que, pour un instant du moins, nous ne sachions pas ce que nous voyons, ni ce que l’on veut que nous voyions tout en observant ces images, que nous ne sachions pas ce qu’elles nous demandent de faire en exerçant cette vigilance.
Jorie Graham
Jorie Graham est poétesse. Elle vit et travaille à New York.
Mariana Cook, Lifeline
30 mai – 15 juillet 2017
Ivory Press Space
C/ Comandante Zorita 48
Madrid 28020
Espagne