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Marguerite de Merode : Livres au miroir

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« A travers le choix des lectures se dévoile l’homme pensant » – Marguerite de Merode

L’exposition Livres au miroir se prolonge jusqu’au 29 février 2020, dans la grande galerie de la Bibliothèque Mazarine à Paris, et réunit 27 œuvres photographiques de l’artiste Marguerite de Merode autour d’une démarche artistique unique : celle de retracer le portrait de 27 protagonistes du monde culturel et scientifique français à travers le témoignage écrit de l’ouvrage qui a transformé leur vie. En collaboration avec le directeur de la Bibliothèque Mazarine Yann Sordet (commissaire général) et Florine Lévecque-Stankiewicz (commissaire adjoint), conservatrice en charge des services aux publics et de la communication, cette création reçoit aussi le soutien des groupes Wendel-Participations et Wendel.

Second  volet  d’un  concept  novateur  de  «  portraits  littéraires  »  ayant  vu  le  jour  en  Italie  en  novembre 2017  avec   l’exposition   Libri   allo   specchio   à   la    bibliothèque Angelica de Rome autour de 25 figures du monde culturel italien, l’exposition parisienne Livres au miroir dévoile les ouvrages de prédilection et les lectures intimes de  personnalités du monde intellectuel francophone.

L’on retrouve, parmi les personnalités invitées par l’artiste, un large éventail de penseurs, créateurs, chercheurs de tout horizon, contemporains et représentatifs du  XXIe  siècle français : écrivains, philosophes, poètes, historiens de l’art, anthropologue, musiciens, éditeurs, essayistes, journaliste, jusqu’au grand monde des scientifiques… Quel meilleur endroit à Paris que la Bibliothèque Mazarine pour accueillir ces confidences ? Les collections personnelles du cardinal Mazarin (1602-1661), successeur de Richelieu et principal ministre de la minorité de Louis XIV entre 1643 à 1661, en ont permis la création. La Mazarine est la plus ancienne bibliothèque publique de France. Plus de trois cent cinquante ans après sa fondation, c’est aujourd’hui un musée du livre, une bibliothèque d’étude et un centre de recherche.

Si dans le passé, les portraits peints, sculptés ou photographiés véhiculaient l’image sociale de leurs modèles, Marguerite de Merode propose à travers ses œuvres de dresser le portrait intime de ces grandes personnalités francophones en ne s’appuyant plus sur la représentation figurative du sujet mais sur l’image personnelle et intime d’un livre ayant modifié leur existence. En un dispositif photographique épuré, chacune de ces œuvres se compose de deux images du livre et d’un texte écrit par chacun des lecteurs invités. Par ce procédé, l’artiste livre une œuvre qui touche à l’intime, avec l’ambition d’offrir un portrait insolite de grands penseurs francophones.Dans le premier chapitre de Si par une nuit d’hiver un voyageur, publié en juin 1979 chez Einaudi, Italo Calvino raconte avec beaucoup de perspicacité et d’humour la relation entre un lecteur hypothétique et son livre, acheté dans une librairie où le lecteur se retrouve confronté à un mur compact de « Livres Que Vous n’Avez Jamais Lus », auxquels s’enchainent « Les Livres Dont On Peut se Passer », « Les Livres Conçus Pour Un Autre Usage Que La Lecture » et une vingtaine d’autres catégories décrivant toutes les relations qui peuvent se créer entre un lecteur et un livre. Cependant, parmi ceux-ci, on n’y découvre pas, « Le Livre Qui Te Représente », qui reprend le sujet de l’exposition de Marguerite de Merode. Il n’est pas exclu que Calvino l’aurait inclus dans sa liste. Un choix non seulement intellectuel mais aussi existentiel, inhérent à la vie des 27 lecteurs d’excellence auxquels l’artiste demande de choisir, non seulement un ouvrage, mais surtout d’indiquer les raisons profondes de leur attraction fatale, qui prend forme avec l’image de l’intérieur du livre, transformée en ce que Giuliana Bruno appellerait un « atlas des émotions ». Un simple mot, un pli dans le papier, un léger soulignement au crayon, un passage fondamental de la page : c’est dans ces zones d’attention que la boussole intérieure du lecteur s’est arrêtée, l’intersection entre phrase et sensibilité intime est mise au point et transformée en punctum tel que Roland Barthes le définit dans son essai sur la photographie, La chambre claire. Pour retracer cette cartographie intime, Marguerite de Merode utilise une image photographique qui rend visible la trame des affinités qui lient ce livre à son lecteur. Et c’est de ces photographies dont je parle, extrapolées de leur contenu mais décrites comme des pures images, dans une sorte de galerie de portraits littéraires contemporains exposés dans les salles de la bibliothèque Mazarine. Chaque texte est un seuil, chaque page une fenêtre ouverte sur un système de pensée révélé par les œuvres de Marguerite de Merode, capable de condenser la rencontre d’un livre et d’une âme en une seule image.

Ludovico Pratesi

 

Livres au miroir

une exposition de Marguerite de Merode

Prolongation jusqu’au 29 février 2020

Bibliothèque Mazarine, Paris

23 quai de Conti

75006 Paris

https://www.bibliotheque-mazarine.fr/fr/

 

 

 

 

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