Que se soit dans sa série « La vie ordinaire d’un homme invisible » qui met en scène une famille des années cinquante le temps d’un week-end type, « Une vie de château » où de jeunes châtelains sont affublés de têtes de félins qui symbolisent les projections seigneuriales et supérieures, qu’ils ont d’eux même, « Sans dessus dessous. Les conventions mises à nu » où les personnages vivent comme s’ils étaient sans cesse observés par un miroir, les oeuvres de Malo donne à voir des reflets apparemment impeccables, compassés et grand-bourgeois
Néanmoins imperceptiblement ou plus nettement le réel bouge : il est déplacé ou à demi coupé. Certes l’habit fait le moine, les vêtements expriment leur situation sociale mais surgit une forme paradoxale d’excentricité décadente et dandy en dépit des protagonistes.
Existe toujours une orchestration subtile de la comédie des apparences là où le moindre part de liberté et de lâcher-prise serait bien plus qu’une faute de goût. Les oeuvres sont à ce titre aussi drôles que cruelles là où la fédération des participants devient un rituel délétère, pédant et dérisoire.
Certains diptyques cherchent à illustrer les sentiments refoulés : d’un côté cette vie telle qu’elle est en apparence, de l’autres telle qu’elle devrait être pour peu que les êtres se « déboutonneraient ». Surgit toute l’hypocrisie de cercles rendus vicieux par la distance que les acteurs d’un telle tragi-comedie sociale gardent entre eux, là où le désir sous jacent voir un certain « vice » reste un voeu pieux.
Jean-Paul Gavard-Perret
L ‘exposition est en ligne sur le site de Corridor Éléphant : https://www.corridorelephant.com/