Tan Chee Hon est né en 1975 à Muar, en Malaisie. Diplômé de l’École des beaux-arts de Kuala Lumpur en 1997, il enseigne aujourd’hui les arts plastiques et pratique la peinture et la photographie. Outre la Malaisie, il expose, depuis 1996, en Asie du Sud-Est, au Japon et en Chine.
En Malaisie, on peine à cerner le travail de Tan Chee Hon. Il a beau photographier la rue, ses images ne sont pourtant pas reconnues de ceux qui se revendiquent de la Street Photography. Bien que ses instantanés de Kuala Lumpur aient été publiés pendant un an dans le quotidien China Press, il n’est pas non plus considéré comme un reporter. Lui-même ne cherche pas à tout prix à rentrer dans une case, et tient à sa double casquette de peintre (sa formation initiale) et de photographe, ce qui complique la tâche des galeristes et des commissaires d’exposition qui aimeraient bien le rattacher à une seule discipline.
De ses images, Tan dit qu’« elles sont juste des instantanés ». Mais il cite volontiers Jean Baudrillard à propos de sa pratique : « Mes photos ne se réfèrent à aucun thème ; elles ne sont ni très sophistiquées ni trop techniques. » Adepte de « l’instant décisif » cher à Henri Cartier-Bresson, il s’inscrit également dans la lignée d’André Kertész, qui disait n’avoir jamais eu besoin d’aller plus loin que le pas de sa porte pour trouver des sujets. De fait, Tan photographie principalement Kuala Lumpur. Et à force d’en arpenter les rues tous les matins, il en est devenu un merveilleux chroniqueur. « Je n’ai pas d’idée en tête quand je prends une photo, je la prends, c’est tout. Et je classe les images ensuite. Kuala Lumpur est une ville étrange et drôle, des “accidents” y arrivent quotidiennement. Tout change très vite. J’ignore pourquoi je me sens le devoir de montrer ces petits riens. Ça n’a peut-être pas de sens pour les autres, mais moi, ça me motive. »
La série Nostalgia a été réalisée à l’aide d’un vieux Yashica Mat-124G. La lentille est voilée, mais la mise au point fonctionne. Tan Chee Hon a croisé plusieurs techniques, créant des images imprévues et imparfaites, qui collent à sa manière de voir, sentir et penser son environnement.
Gilles Massot, Wubin Zhuang, commissaires
Texte extrait du livre-catalogue « Photoquai » coédition Musée du Quai Branly- Actes-Sud