En 1975, au moment où les Khmers rouges entrent dans Phnom Penh, Mak Remissa a 5 ans. Comme tous les autres habitants de la capitale, il est évacué de Phnom Penh, qui restera vidée – à part quelques employés de ministères – jusqu’à ce qu’en 1979 les troupes vietnamiennes reprennent la ville.
Les nouveaux maîtres, souvent de très jeunes gens, habillés de noir, poussent les gens à n’emporter que très peu de choses puisqu’ils sont sensés ne partir « que pour trois jours » (Left 3 days).
Pour la première fois, le photographe qui a perdu une grande partie de sa famille dans le génocide, et qui comme tant d’autres survivants a eu d’énormes difficultés à parler de ce passé tragique, évoque ce moment, quarante ans après. Au moyen de papiers découpés, il reconstitue des scènes qu’il noie dans une brume de fumées effaçant en partie le décor. Une série pudique, à la limite du noir et blanc, dans laquelle il renoue aussi avec ses premières pratiques de la photographie au milieu des années soixante-dix, quand il voulait gagner sa vie en étant photographe et s’initiait au photojournalisme, dont il est aujourd’hui un des plus brillants représentants au Cambodge.
Pour reconstituer ces souvenirs tragiques que l’enfant qu’il était a en partie oubliés, il a dû faire appel à sa mère, admirable institutrice qui, après le désastre, ouvrira un orphelinat où elle accueillera plus de quatre cent enfants.
Mak Remissa dédie cette série à son grand-père, à son père, à ses trois oncles et à toutes les autres victimes du génocide khmer rouge.
Mak Remissa est né le 5 septembre 1970 à Phnom Penh. Après des études à l’Université Royale des Beaux-Arts où il se spécialise en photographie, il devient photographe indépendant. Il collabore ensuite avec le quotidien francophone Cambodge Soir et, depuis 2006, est correspondant de l’agence de presse EPA. À côté de son travail de journaliste, il développe des travaux personnels, de petits contes philosophiques mis en images, souvent consacrés à des thèmes liés à la nature et servis par l’exigence de son approche de la couleur. Il a exposé en France, à Singapour, au Japon, en Corée, en Australie.
Il est le plus connu des photographes cambodgiens et a influencé et formé de très nombreux jeunes, devenus aujourd’hui des acteurs de la scène photographique du pays.
Excellent pédagogue, il donne de nombreux workshops, au Cambodge et à l’étranger.
Poissons et fourmis, 2005
« Quand l’eau monte les poissons mangent les fourmis. Quand l’eau baisse les fourmis mangent les poissons ». Le proverbe sert de base à un conte coloré.
L’eau c’est la vie , 2009
Une des causes environnementales auxquelles l’artiste est très attaché dans un pays qui connaît de violents effets du dérèglement climatique.
La forêt en feu, 2012.
La destruction des animaux par les brûlis, tout comme la déforestation font partie du cycle sur les quatre éléments.
Vous reviendrez dans 3 jours, 2015.
Au moyen de papiers découpés l’artiste reconstitue, quarante ans après, les souvenirs de l’évacuation de Phnom Penh par les Khmer Rouges alors qu’il avait 5 ans.
De la chasse à la photographie, 2017.
Enfant, le photographe adorait chasser . Aujourd’hui il se bat pour la sauvegarde des espèces menacées et incite à les photographier plutôt qu’à les chasser.
Mak Remissa – Left Three Days
du 9 mai au 1er juin 2019
Galerie Lee
9, rue Visconti
75006 Paris