Une sélection par Irène Attinger d’ouvrages en vente à la librairie de la MEP, qui, en raison de leur originalité, de leur qualité éditoriale et/ou de l’importance de leur contenu, participent de l’image de l’édition photographique internationale.
• The Himalayan Project – Vincent Delbrouck
Autopublication V.D. at WILDERNESS, Loupoigne (B)
AS DUST ALIGHTS – The Himalayan Project – Part I
Deuxième limitée à 300 exemplaires signés et numérotés par V.D. – Juin 2014
SOME WINDY TREES – The Himalayan Project – Part II
Edition limitée à 500 exemplaires signés et numérotés par V.D. – novembre 2013
Entre 2009 et 2012, Vincent Delbrouck séjourne une année en famille au Népal et photographie la région himalayenne. Confronté à une multitude d’éléments (As Dust Alights) où se mêlent bouddhisme tibétain, méditation, nature sauvage, chaos urbain, il y adapte sa photographie pour écrire une rêverie diurne dans un esprit poétique zen. Avec une attention délicate aux intervalles de la vie, ses images nous suggèrent un sens aigu du temps et du lieu qu’il habite entièrement, ici et maintenant.
La série Some Windy Trees reflète simplement le flux de la vie dont il essaie généreusement de guérir, en images. La poésie magique d’un monde naturel s’y contemple, dans le vent des Annapurnas. Vincent Delbrouck s’y voit en arbre et s’oublie, avec sérénité. Les pistes sont brouillées, ici le thème est unique : l’arbre balayé par le vent. Mais pourquoi les nombreuses pages blanches ? Invitation à y inscrire nos propres arbres ou constat de leur disparition dans le vent ?
• Back to Fort Scott – Gordon Parks
Steidl, Göttingen, 2015
En 1948, Gordon Parks est le premier photographe afro-américain embauché à temps plein par le magazine Life. Deux ans après, il est envoyé en mission dans sa ville natale de Fort Scott (Kansas) pour couvrir l’histoire de la ségrégation scolaire à travers le prisme de onze anciens camarades de classe. Arrivé à Fort Scott, il constate qu’à une exception tous ses camarades de classe ont fui la pauvreté et la discrimination avec lesquelles ils avaient grandi et sont partis pour trouver une vie meilleure. L’histoire devient la recherche de ses anciens camarades de classe qu’il photographie dans leurs maisons, sur leurs porches et dans leurs salons. Le reportage devait paraître dans le numéro de Life d’avril 1951. Pour des raisons qui restent obscures, la publication a été abandonnée.
Pour de nombreuses années, cette série restera invisible. Ce n’est qu’au début de 2015 qu’une exposition « Back to Fort Scott » est organisée par le Museum of Fine Arts de Boston. Karen Haas, commissaire de l’exposition et auteur de l’introduction s’est déclarée fascinée par l’idée de montrer un travail, resté caché si longtemps, d’un photographe par ailleurs connu.
• Amok – André Gelpke
cpress / Spector Books, Zurich / Leipzig, 2015
André Gelpke utilise le médium photographie pour exprimer sa vision subjective du monde. Sans être explicatif ou anecdotique, il examine, avec l’aide de la caméra, les petites choses de la vie quotidienne. Dans Amok (folie meurtrière particulière au Malais. Par analogie, individu qui se trouve dans un état de folie), il explore l’affinité narrative entre la photographie et la littérature. Tout comme les mots, les images lui permettent d’organiser ses observations.
Selon lui, trois questions se posent toujours au photographe. Dans l’ordre : qu’est-ce que je photographie, pourquoi dois-je le faire et comment vais-je faire ? Les réponses ne sont jamais évidentes. Faute de permettre un accès immédiat à l’image, la photographie analogique exigeait des capacités formelles. Si, avec le passage au numérique, il devient possible de voir immédiatement l’image, cela ne résout que partiellement la troisième question et pas du tout les deux autres.
« La photographie est une stratégie contre ma peur de la perte. J’utilise la photographie toujours pour la même chose : accrocher pour rendre visible, clair et accessible, dans le sens de la mémoire. Mais je questionne aussi par la photographie. Le monde photographié ne me donne pas de réponse. Ce n’est de toute façon pas décisif, car à travers elle, je voudrais simplement prendre conscience du temps au sens de la vitesse et par conséquent aussi de mon côté éphémère. Je perçois, à travers la photographie, que je suis mortel. » André Gelpke
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