Domestic Tourism II est le deuxieme volet d’un projet d’étude des représentations du Caire propres au tourisme, a la consommation et a la culture populaire. Le premier chapitre se présente sous forme de photographies inspirées de l’iconographie stéréotypée des cartes postales. Le second est un film composé d’extraits empruntés au cinéma égyptien dans lesquels apparaissent visuellement ou verbalement les pyramides, monuments stars qui éclipsent la réalité architecturale et sociale de la mégalopole, voire son existence. Concentrée sur la production égyptienne, cette compilation chronologique du symbole national reflete la portée sociale du cinéma. Organisés selon un ordre descendant puis ascendant évoquant la géométrie des pyramides, ces 35 extraits se distinguent des représentations occidentales en rejetant l’exotisme au profit d’un propos politique, voire nationaliste – « Je suis l’Egyptien, dont l’essence est pure, qui a construit la gloire par les pyramides », clame l’un des personnages a la quinzieme minute. Cette structure formelle ne nuit paradoxalement pas a la narration globale, chaque scene répondant a la précédente par la répétition d’un élément visuel ou sonore. Les jours font place aux nuits en suivant une chronologie émotionnelle, tout en insistant sur le passage du temps, éternel témoin du changement au meme titre que ces immuables pyramides. Décor traditionnel de l’acmé des films locaux, elles permettent de suivre les préoccupations des cinquante dernieres années en Egypte. La légereté des films des années 2000 fait place au fil du montage a des scenes de plus en plus engagées politiquement et socialement jusqu’a atteindre son climax salutaire avec une scene datant de 1959 faisant l’éloge de la classe moyenne. Le film bascule alors et retraverse explicitement les traumatismes d’une crise économique et politique – « Ces rois étaient les meilleurs du monde, ils ont construit les pyramides pour donner des emplois aux gens » – avant de conclure avec optimisme : « C’est notre pays et nous ne le quitterons pas. Nous le défendrons !’. L’extraction de ces monuments atemporels hors de leur cadre artistique ou commercial – les films populaires d’un coté, les cartes postales de l’autre – met subtilement en exergue le role de l’icone dans un contexte socio-politique contemporain.
Domestic Tourism II – Maha Maamoun
Du 16 juin au 28 octobre 2012
Mori Art Museum
53F Roppongi Hills Mori Tower, 6-10-1 Roppongi, Minato-ku, Tokyo, Japan
Du 25 juin au 10 juillet 2012
Mostra Mundo Árabe de Cinema
São Paulo – Brasil