Une fois les paupières closes, nous basculons de l’autre côté de l’éveil, nous partons piocher dans les contenants de toute une vie : coffre à jouet, armoire de classe de biologie, vitrine d’antiquaire, de collectionneur, de grand-mère, magasin de bibelots, échoppe pour touristes, garde-meuble, garde-manger, boîte à bijoux, cartons entassés dans une maison vide… Ce que nous prélevons dans nos musées nocturnes, notre esprit le fragmente, le mélange, le recompose, et ces trouvailles reconstituées forment le décor et les protagonistes de nos rêves, de nos cauchemars. Magali Lambert nous est semblable, à cette différence près qu’elle pille les yeux ouverts. C’est une ouvrière du songe qui opère au grand jour, une inventrice d’onirique exilée dans la conscience.
Thibault Marthouret