Rechercher un article

Madrid, prix Luis Valtuena : Les « desahucios » espagnols d’Andrés Kudacki

Preview

Le prix international de photographie humanitaire Luis Valtueña a été décerné il y a quelques semaines à Madrid, en Espagne. Pour cette 18e édition, quatre photographes étaient sélectionnés pour un travail qui nous met face à une réalité que nous refusons assez souvent de voir. Organisé chaque année  par l’ONG Médecins du Monde, les thématiques abordées suivent l’actualité : immigration, crise de logement, droits des enfants…

Pour cette édition j’ai choisi un des finalistes: Andrés Kudacki. Né en Argentine en 1974 et installé à Madrid depuis 2006, il fait partie de l’équipe de l’agence de presse AP (Associated Press). Il se consacre depuis environ deux ans à documenter la situation de détresse vécue par beaucoup de familles dans plusieurs villes d’Espagne, à la suite de la saisie de leur logement (les “desahucios” espagnols).

Cette série primée réunit une dizaine de tirages couleur dont le dénominateur commun sont les personnes affectées, au centre de son propos. Parler d’une réalité depuis l’œil du cyclone pour contester, sensibiliser, faire réfléchir la société pour qu’elle devienne plus humaine : ses photographies constituent un témoignage bouleversant de la crise du logement en Espagne, qui résulte du chômage, de la crise financière, de la bulle immobilière.

Chaque image est accompagnée d’une histoire déchirante, celle d’une personne ou d’une famille qui perd l’une des choses les plus difficiles à obtenir dans la vie et certainement la plus appréciée aussi : un logement.

Andrés précise que réaliser les prises de vue des “desahucios”, c’est être le rare témoin d’un événement tragique, le point culminant d’une longue chute. Documenter ce sujet implique une forte discipline et une grande solidité émotionnelle. Se lever très tôt le matin ou des fois passer la nuit chez les personnes qui seront sans abri le lendemain ou, encore pire, constater parfois la violence physique et psychologique des autorités, cela fait partie de son quotidien pour capter l’instant d’une image, mais sûrement aussi l’un des moment les plus douloureux dans la vie de ceux qui se font expulser car, pour en être arrivés là, ils sont déjà passés par d’autres problèmes économiques et judiciaires  très complexes.

On découvre sur l’une des images comment les familles restent souvent en dehors de leur ancien logement, dans la rue ou sur le trottoir. Elles s’installent à nouveau avec leurs meubles, leurs photos, peintures, objets, mais sans ni un toit ni des murs. Le sentiment de s’enraciner est visiblement très fort quand on a vécu longtemps au même endroit.

Une vue plongeante prise d’un deuxième étage nous montre la scène reconstruite comme l’espace miniature d’une maison, avec le geste tendre et émouvant du grand père recouvrant sa petite-fille. Par ailleurs, sur presque toutes les photographies qui font partie de cette série, nous retrouvons des atmosphères angoissantes du désespoir, mais on reconnaît aussi la solidarité de la famille, des voisins et des activistes qui se mobilisent pour empêcher les saisies de logements.

« Je me sens engagé par le thème des expulsions. C’est l’endroit où il faut que je sois, car nous avons tous le droit d’avoir un logement digne, c’est essentiel et c’est inscrit dans la constitution espagnole. Je fais mon travail avec respect et honnêteté, je n’abuse pas de ma carte de presse. Je reste un témoin qui croit avoir une voix avec mon appareil photo pour propager les images et contribuer ainsi à un changement. »

www.andreskudacki.com

 

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android