Elle s’appelle Capucine Vergez, elle est la fille de notre collaboratrice Agnès Vergez. Capucine a une passion pour le photographe Hassan Hajjaj à qui la Maison Européenne consacre une grande rétrospective. Mardi dernier, c’était le vernissage, alors Capucine a séché les cours pour le rencontrer. Elle raconte.
J’ai couru après ses œuvres pendant mes cinq mois d’études à Rabat….
C’est dans le sous-sol d’un souk que j’ai fini par voir pour la première fois une ou deux images de Hassan Hajjaj. « Quel contraste, ces photos, comparé à ce qu’il y a dehors ! » je me suis dis…
J’ai essayé de trouver une expo ou je pourrais retrouver ses œuvres mais, manque de chance, j’arrivai au moment où le musée était en rénovation…
C’est en fait grâce au shooting hyper instagrammé de Madonna, et à la couverture du New York Magazine avec Cardi B, que j’avais aperçu pour la première fois ses photos.
Alors, quand j’entends qu’il expose pour la première fois à la MEP à Paris, je n’hésite pas à sécher mon cours du mardi matin pour aller découvrir son travail. Et j’ai bien fais de ne pas hésiter !
Aujourd’hui pas de super stars, simplement des hommes et des femmes marocain(e)s ordinaires.
Tout de suite, je suis immergée dans une ambiance pétillante, décalée, explosive. Les couleurs éclatent au visage, réveillent, pétillent, et ça fait du bien. Le mélange de matières, de couleurs, d’imprimés saute aux yeux. L’outfit des hommes comme des femmes est percutant, jeune, stylé. J’adore cet univers libre, sans complexe, et qui se veut presque ironique.
Tout s’entrechoque, l’énergie est débordante. Les tissus et motifs sont ultra chargés, super kitsch, presque ringards et pourtant sur ces photos ils paraissent cools et branchés. Ce n’est ni seulement de la mode, ni uniquement de l’art contemporain ou du street art, c’est tout à la fois.
Les photos sont ici abordées différemment. Provocation est le mot qui me vient tout de suite à l’esprit. « Est-ce que les femmes arabes ont le droit de… se comporter comme ça/poser de cette manière/porter ça/conduire une moto… » c’est ce que je me suis demandé. Hassan Hajjaj a justement joué sur les objets religieux et quotidiens de la culture arabe : le hijab, très présent et modernisé à son maximum en jouant sur les monogrammes de grande marque de luxe, les objets de grande consommation : les boîtes de conserve, la harissa, les Lego détournés dans un style pop art… C’est la confrontation de deux atmosphères : traditionnelle et ultra moderne. Un souffle d’air jeune sur des représentations traditionnelles du monde arabe.
Une femme sur une moto, je n’en ai jamais vu en 6 mois dans tout le Maroc, un gang de femmes marocaines qui ressemble à une bande rappeurs américains, encore moins !
A travers ces œuvres, j’ai l’impression de sortir des sentiers battus.
C’est le message que j’arrive à comprendre : Les femmes marocaines sont voilées mais/et stylées. Les femmes marocaines savent aussi poser. Non il n’y a pas que les Kardashian/Jenner qui peuvent être devant un objectif. Pas besoin non plus d’être grande, fine, de rentrer dans les cases. Et c’est pour ça que j’apprécie autant ces photos. J’aime l’idée de la confrontation des cultures.
On admire autre chose, d’autres visages, et on se rend compte que la mode est toute aussi belle quand on n’est pas à poil, quand elle n’est pas occidentale !
Capucine Vergez
Dans une dizaine de jours, l’Œil de la Photographie consacrera une journée à l’exposition d’Hassan Hajjaj et à la biennale de la photo arabe.
Carte Blanche à Hassan Hajjaj
11.09.2019 – 17.11.2019
La Maison Européenne de la Photographie
5/7 Rue de Fourcy
75004 Paris