« A force de fréquenter les arts anciens et modernes, écrit Lucien Hervé, nous avons acquis une nouvelle faculté de nous émouvoir… ou fait naître une vague idée du tout en cernant souvent un détail minime avec peu de moyens : il suffit de deux doigts recourbés en cercle en forme d’œil d’appareil photographique élémentaire pour isoler des rapports harmonieux de couleurs et de formes. Ainsi l’œil de chacun peut devenir poète. J’ai mis là mon ambition, faire redécouvrir la beauté inhérente de toutes choses, la beauté possible de l’insignifiant ».
Si Lucien Hervé a été beaucoup associé à Le Corbusier, ce serait réduire son approche photographique que d’en faire une simple photographie d’architecture : en effet, sa photographie vise moins à rendre compte de l’architecture en tant que telle qu’à proposer la relecture d’un travail sur la forme (celle donnée par l’architecte) à partir d’une grammaire visuelle propre. Et les élément essentiels de cette grammaire, pour Lucien Hervé, sont la lumière et la (re)composition géométrique. Lors de leur première rencontre, à la question de Le Corbusier « Comment êtes-vous devenu photographe ? », Lucien Hervé répondait ainsi : « avec une paire de ciseaux ». Mais dans ce travail de « découpe » du réel, il y a aussi une belle place pour l’humain : celui qui vient ajouter de la vie à la dynamique des lignes. Car « la beauté de l’insignifiant », c’est aussi celle de tous ces êtres qui viennent peupler cet univers de formes qu’est le monde.
Le photographe Lucien Hervé (de son vrai nom László Elkán) est né en Hongrie le 7 aout 1910. Il arrive à Paris en 1929. Attiré d’abord par la peinture, la musique et la mode, il commence à photographier en 1938 pour Marianne Magazine. Proche de l’école humaniste française d’après guerre, dont font également partie Robert Doisneau et Willy Ronis, la carrière de Lucien Hervé prend un tournant décisif après sa rencontre avec Le Corbusier en 1949. Photographe attitré de l’architecte jusqu’au décès de ce dernier en 1965, Lucien Hervé est alors reconnu comme l’un des plus grands photographes d’architecture. Durant sa carrière de soixante ans il a eu de nombreuses publications et expositions dans des galeries et des musées à travers le monde. Lucien Hervé a disparu le 26 juin 2007 à Paris, dans sa 97ème année.
Lucien Hervé
Galerie Foch – Place Foch – 12000 Rodez
Exposition ouverte du mardi au dimanche de 14h à 19h
Musée Soulages – Avenue Victor Hugo – 12000 Rodez
Exposition ouverte du mardi au dimanche de 13h à 19h
Kiosque à musique – Jardin public – 12000 Rodez